BACCARA ou BACCARAT
Le baccara – ou baccarat – est un jeu de cartes du type pari sur la constitution d'un nombre (ici, neuf), qui se joue essentiellement dans les casinos. Ses origines ne paraissent guère remonter au-delà du xixe siècle.
Il existe trois variétés de baccara : le jeu classique à un seul tableau, dit chemin de fer ; le jeu à deux tableaux, dit baccara en banque ; la version américaine, dite punto-banco ou baccara du Nevada. Le baccara classique (chemin de fer) oppose deux parties, l'une tenant la banque – c'est le « banquier » – l'autre représentant les joueurs ou « pontes ». La banque est tenue par un joueur et peut donc changer de main à volonté. Un croupier assiste les opérations, mélange les cartes et procède au paiement des gains. Banquier et pontes placent leurs enjeux sur une table spéciale. Le banquier distribue d'abord à lui-même puis aux joueurs deux cartes faces cachées, en les tirant d'un sabot où ont pris place six jeux de 52 cartes. Le but est de faire mieux que le banquier, en totalisant les valeurs faciales des cartes (as = 1) que l'on a en main et en revenant toujours à l'unité – les figures ne valent rien. Ainsi, un huit et un sept faisant quinze (15), il ne sera compté que cinq. Le maximum est neuf, le minimum est zéro ou « baccara ». Si le total ainsi obtenu est huit ou neuf d'emblée, le joueur doit le montrer ; sinon il peut demander ou non une carte supplémentaire, qui sera servie face visible. Le banquier doit suivre des règles très précises pour tirer ou tenir. Quand un joueur mise autant que le banquier, on dit qu'il fait « banco ». Les jeux sont enfin comparés : le total le plus élevé gagne, les totaux identiques font égalité. En France, les casinos prélèvent 5 p. 100 des mises payées au banquier.
Le baccara en banque se joue sur deux tableaux simultanément, le banquier distribuant les cartes une fois au tableau de droite, une fois au tableau de gauche. Chaque tableau représente donc un joueur virtuel. Le jeu se déroule à peu près comme au chemin de fer, mais en suivant l'ordre des tableaux. À Las Vegas, une version plus simple, aujourd'hui adoptée à peu près partout, s'est imposée sous le nom de punto-banco (Nevada baccarat). Principale différence, le banquier doit suivre des règles plus strictes.
Le baccara est donc un jeu où les joueurs (banquier compris, mais dans une moindre mesure) ont une certaine liberté de décision. La connaissance des probabilités permet d'optimiser sa stratégie. Les experts ont calculé que le banquier avait un léger avantage mathématique : 1,15 p. 100 au chemin de fer, 0,84 p. 100 au baccara en banque, 1,27 p. 100 au punto-banco, selon les calculs de Russell T. Barnhart.
Le baccara émerge en France dans les années 1840. Le premier document à en faire état est un petit recueil de règles rassemblées par le poète Joseph Méry, L'Arbitre des jeux, paru en 1847. Présentant ce nouveau jeu, ici dans sa forme la plus simple, l'auteur nous apprend qu'il est originaire du midi de la France. Les figures comptaient alors pour dix. Dès les années 1850 on voit se multiplier les allusions au baccara (par exemple, H. Murger, Scènes de la vie de bohème, 1851). Le jeu se répand si vite qu'il prend de court la justice. À Bordeaux, un tribunal déclare ne rien avoir à reprocher à un Cercle de la philologie qui pratique ouvertement le baccarat (ici, avec un t). Mais la cour de cassation ne l'entend pas ainsi et déclare, en 1855, que le baccara est un jeu de hasard et que les joueurs tombent sous le coup de la loi.
En fait, les progrès du baccara sont liés à ceux du thermalisme et des casinos que les villes d'eaux font construire à partir des années 1860. Des cercles privés, organisés sur le modèle des clubs anglais, y trouvent asile. C'est là, au sein d'une bourgeoisie enrichie sous le second Empire,[...]
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Écrit par
- Thierry DEPAULIS : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu
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