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PYOCYANIQUE BACILLE

Bacille court (1,5 μm de long sur 0,5 μm de large) aux extrémités arrondies, le bacille pyocyanique (Pseudomonas aeruginosa) est mobile et à Gram négatif. Très répandu dans la nature (saprophyte des sols et des eaux), on le rencontre aussi à l'état commensal chez l'homme (téguments, intestin). Il se caractérise, en particulier, par la production d'un pigment bleu-vert (mélange de pyocyanine et de pyoverdine), qui teinte fortement les milieux de culture.

Il pousse uniquement en aérobiose. La température optimale de culture est de 37 0C ; le pH le plus favorable est de 7,2. En bouillon, il donne un trouble uniforme en 24 heures, un voile blanc épais en trois jours. Dès le premier jour, une teinte verte fluorescente apparaît en surface, puis se propage à toute la masse ; en outre, une odeur de fleur de tilleul se dégage de la culture. Sur gélose, la culture est grisâtre et ne tarde pas à prendre généralement une couleur verte fluorescente. Le bacille pyocyanique attaque l'anabinose, le xylose, le glucose, par métabolisme oxydatif.

L'étude antigénique de ce germe, bien qu'encore incomplète, permet de définir plusieurs sérotypes qu'on peut caractériser par des antisérums spécifiques. Cette étude est particulièrement intéressante dans l'épidémiologie des infections hospitalières, car elle permet de rechercher la source éventuelle de contamination.

On l'a considéré pendant longtemps comme responsable uniquement de suppurations cutanées : surinfection de plaies, blessures, brûlures, escarres. Bien avant l'ère bactériologique, les chirurgiens connaissaient le « pus bleu » qui compliquait souvent les plaies. On sait actuellement que le bacille pyocyanique peut aussi entraîner des infections urinaires ou pulmonaires, des méningites, et même des infections généralisées (septicémies). Il est responsable chez les animaux d'enzooties fréquentes, et de diverses pourritures chez les plantes. Ce germe a pris une place importante en pathologie infectieuse, particulièrement en milieu hospitalier. Les raisons en sont les suivantes : abus des antibiotiques qui sélectionnent les bactéries les plus résistantes, dont le pyocyanique ; application croissante de thérapeutiques par les corticoïdes ou les immunodépresseurs (au cours de greffes d'organes, par exemple) ; introduction dans l'organisme de sondes, cathéters et instruments d'exploration divers dont la stérilisation est parfois difficile, et qui sont des portes d'entrée pour l'infection ; inefficacité sur ce germe de certaines solutions antiseptiques utilisées pour la désinfection courante. La très grande gravité des infections à bacille pyocyanique, particulièrement des septicémies, tient essentiellement à l'extrême résistance du germe à la plupart des antibiotiques actuels. Seule la polymyxine (à condition de prendre les précautions d'usage motivées par la toxicité de ce produit) a pu, associée aux sulfamides ou parfois à la gentamycine, permettre des guérisons dans des cas désespérés.

Il est à noter que le bacille pyocyanique a été à l'origine de la découverte des antibiotiques. Il synthétise, en effet, une substance, la pyocyanase, capable de détruire des germes tels que le streptocoque, le staphylocoque et le bacille diphtérique. Cette observation est demeurée sans application médicale réellement importante jusqu'à la découverte de la pénicilline par Fleming (1929).

— Jacques BEJOT

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Écrit par

  • : docteur en médecine, chef de service du laboratoire de microbiologie à l'hôpital de Nanterre

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