BACTÉRIOLOGIE
Bactériologie médicale
La bactériologie médicale, comme d'autres sciences, est étroitement liée à l'évolution des techniques. Malgré des intuitions parfois anciennes sur l'origine infectieuse de certaines maladies (Fracastor et ses théories sur la contagion, au xvie siècle, Semmelweis et son concept sur la transmissibilité de la fièvre puerpérale dans les maternités de Vienne en 1844), ce sont des faits d'observation puis des faits expérimentaux (grâce à la mise au point de l'outil essentiel, le microscope, dont A. Van Leeuwenhoek est l'inventeur indiscuté) qui ont permis d'aboutir à la véritable révolution microbiologique de l'ère pasteurienne. Une liste chronologique, non exhaustive, des découvertes de quelques bactéries agents de maladies infectieuses dominantes, de leur pouvoir pathogène et des mécanismes de défense de l'hôte infecté, montre (cf. tableau) comment en quelques décennies de la seconde moitié du xixe siècle est née la bactériologie médicale et, avec elle, l'immunologie.
L'abord de la bactériologie médicale est indissociable des études de microbiologie générale et de biologie moléculaire qui ont permis de décrire la physiologie et la génétique des bactéries. Ces études ont conduit à mettre au point les procédés d'isolement, d'identification, de typage et la caractérisation des propriétés de virulence, de pathogénicité, de résistance aux agents antimicrobiens, etc.
L'isolement des bactéries
La première étape du diagnostic bactériologique est l'obtention, en culture pure, de la souche bactérienne responsable des dommages observés chez le malade, pour pouvoir ensuite l'étudier. Durant le processus infectieux, les bactéries se sont adaptées aux conditions de vie chez l'hôte, leur prélèvement va consister à les transférer dans un environnement différent où elles risquent de ne pas survivre. Cela impose, d'une part, un délai très bref entre la collecte du produit à analyser et la mise en culture au laboratoire, et, d'autre part, l'utilisation d'un milieu de culture à la composition et à la température d'incubation aussi proches que possible de celles du milieu naturel d'origine (différentes sécrétions ou tissus de l'hôte infecté, sérosités, pus, sang, biopsies d'organes, etc.). Comme les exigences particulières des bactéries dont la présence est soupçonnée sont encore inconnues à ce stade du diagnostic, la règle est d'ensemencer divers milieux empiriques, enrichis ou non en facteurs de croissance (sang ou extraits sanguins, par exemple) et, dans le cas d'associations bactériennes multiples, d'utiliser des milieux sélectifs contre les bactéries commensales, pour favoriser ainsi la croissance spécifique des bactéries pathogènes incriminées a priori. Certaines bactéries ne sont pas cultivables en milieu artificiel ; les bactéries parasites intracellulaires obligatoires (Chlamydies, Rickettsies) sont isolées par ensemencement sur cultures de cellules eucaryotes, mais d'autres telles que Treponema pallidum (agent de la syphilis) ou Mycobacterium leprae (agent de la lèpre) et sans doute d'autres agents encore insoupçonnés ne bénéficient, à ce jour, pas encore de milieux définis permettant leur croissance in vitro.
L'identification
Dans de nombreux cas, un diagnostic de présomption peut être porté dès le stade de collection du produit infecté à analyser ; l'examen microscopique extemporané des préparations non fixées (bactéries immobiles ou présentant une mobilité particulière, portant éventuellement une capsule identifiable par sa réfringence, présence de spores, etc.), puis l'examen après fixation et colorations standards telles que les colorations de Gram ou le bleu de méthylène, ou spécifiques, telles que la coloration de Ziehl-Nielsen pour les bactéries acido-alcoolo-résistantes,[...]
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Écrit par
- Jean-Michel ALONSO : docteur en médecine, docteur ès sciences
- Jacques BEJOT : docteur en médecine, chef de service du laboratoire de microbiologie à l'hôpital de Nanterre
- Michel DESMAZEAUD : Ingénieur agronome, docteur ès sciences, directeur de recherche à l'Institut national de recherche agronomique, directeur de l'unité de recherches laitières et génétique appliquée
- Didier LAVERGNE : docteur en médecine
- Daniel MAZIGH : chef de travaux du cours de bactériologie systématique à l'Institut Pasteur.
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