BAHREÏN
Nom officiel | Royaume de Bahreïn (BH) |
Chef de l'État | Cheikh Hamad ben Issa al-Khalifa (depuis le 14 février 2002) |
Chef du gouvernement | Cheikh Salman bin Hamad al-Khalifa (depuis le 11 novembre 2020) |
Capitale | Manama |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Dinar de Bahreïn (BHD) |
Population (estim.) |
1 603 000 (2024) |
Superficie |
787 km²
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Évolutions politiques
Une expérience parlementaire écourtée
La découverte du pétrole en 1932 marque le début de la transformation de l'économie mais aussi des pratiques politiques. C'est au sein de l'industrie pétrolière que se développent les premiers mouvements de contestation organisés. En liaison avec la notabilité marchande sunnite et chiite, les ouvriers de la Bahrain Petroleum Company se mobilisent à la fois pour améliorer leurs conditions de travail et pour obtenir la création d'une Assemblée élue. Entre 1938 et 1965, le Bahreïn connaît une série de soulèvements à tendance nationaliste arabe et marxiste. De 1954 à 1956, un Comité d'union nationale coordonne la protestation, demandant des réformes politiques mais aussi le départ des Britanniques. Ses leaders seront arrêtés et exilés.
Les demandes de participation populaires seront satisfaites au lendemain de l'indépendance. Une Assemblée constituante est élue au suffrage masculin en 1972. Elle élabore une Constitution (1973) inspirée de celle de Koweït, dans laquelle le Parlement dispose notamment d'un droit de veto sur les projets de loi émanant du gouvernement, quant à lui nommé par l'émir. Le Bloc progressiste, qui rassemble les militants nationalistes arabes et marxistes de confession sunnite et chiite, constitue la force dominante du Parlement. Mais il doit compter avec le poids des islamistes chiites. Rassemblés sous le nom de Bloc religieux, ceux-ci appartiennent en réalité à une cellule clandestine du parti al-Da'wa al-Islamiya (l'Appel à l'islam). Né en Irak dans la seconde moitié des années 1950, al-Da'wa s'est diffusé au Bahreïn par l'intermédiaire d'étudiants bahreïniens des séminaires chiites de la ville de Najaf. Située au sud de l'Irak, cette ville était alors le principal centre de formation du clergé chiite.
En août 1975, l'opposition du Parlement à un projet de loi du gouvernement sur la sécurité de l'État restreignant les libertés publiques amène l'émir Issa bin Salman Al Khalifa (au pouvoir depuis 1961) à dissoudre le Parlement. La période qui suit est marquée par la montée en puissance des islamistes chiites, qui bénéficient à la fois de la répression qui s'abat sur les mouvements de gauche et du contexte régional, marqué par la mobilisation du clergé chiite d'Irak contre le régime irakien et par la révolution iranienne qui porte Rouhollah Khomeyni au pouvoir, en 1979. En 1981, le régime des Al Khalifa déjoue une tentative de coup d'État fomentée par le Front islamique de libération du Bahreïn. Tout comme al-Da'wa, ce mouvement est issu des réseaux transnationaux du clergé irakien ; il bénéficie en outre d'importants appuis parmi les factions radicales du régime iranien et devient le principal agent de l'exportation de la révolution islamique au Bahreïn. La tentative de coup d'État marque le début de l'épuration des forces de sécurité de ses éléments chiites, notamment au profit de mercenaires étrangers, arabes mais aussi pakistanais.
Dans un contexte politique qui reste tendu, le pouvoir refusant d'accéder à la demande de rétablissement de la vie parlementaire, les années 1990 voient la situation économique se dégrader fortement. La chute des prix du pétrole, couplée à un accroissement démographique soutenu, limite la capacité de redistribution du régime. Le chômage de masse frappe les jeunes arrivant sur le marché du travail, que l'État n'a plus, comme auparavant, la possibilité d'absorber dans le secteur public, déjà pléthorique. Les manifestations de chômeurs mécontents se multiplient, encadrées par des militants islamistes chiites. Parmi eux, le cheikh Ali Salman, qui deviendra le chef de file de l'opposition dans les années 2000. En 1994, son arrestation marque le départ d'un soulèvement qui durera quatre ans,[...]
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Écrit par
- André BOURGEY : professeur émérite des Universités
- Laurence LOUËR : professeure associée, Sciences Po CERI
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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BAHREÏN, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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ARABIE SAOUDITE
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT , Encyclopædia Universalis et Ghassan SALAMÉ
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...2011, le pouvoir saoudien envoie, sous couvert d'une force de réaction du CCG, au moins 1 000 (peut-être 4 000) militaires saoudiens et émiratis pour épauler le pouvoir de Bahreïn soumis à une forte contestation. Les troupes saoudiennes ne participent pas directement à la répression des manifestations... -
CCG (Conseil de coopération du Golfe)
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Créé le 26 mai 1981, à l'initiative de Riyad, pour contrer les débordements possibles de la révolution islamique iranienne et limiter les retombées de la guerre Irak-Iran sur les monarchies pétrolières du golfe Persique, le C.C.G. regroupe les Émirats arabes unis, le Koweït, Bahreïn...
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Capitale et plus grande ville de l'émirat de Bahreïn, Manama (en arabe Al-Manâmah) s'étend sur la pointe nord-est de l'île de Bahreïn, dans le golfe Arabo-Persique. Avec 143 035 habitants en 2001 (aire urbaine : 345 000 hab.), elle abritait près de 20 p. 100 de la population nationale. Mentionnée...
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PRINTEMPS ARABE ou RÉVOLUTIONS ARABES
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT
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...forces de sécurité) ; il lance une réforme constitutionnelle avec l'élection d'un Conseil consultatif aux pouvoirs accrus, qui a lieu en octobre 2011. À Bahreïn, en revanche, des mesures semblables sont prises en février-mars, mais elles ne suffisent pas à calmer la contestation. Celle-ci prend de l'ampleur,...