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BAKHTYĀRĪ ou BAKHTIYARIS

Venus, semble-t-il, de Syrie entre le ive et le xe siècle pour s'installer en Iran, les Bakhtyārī sont plus connus, du ixe au xve siècle, sous le nom de « grands Lurs » et prétendent ne pas être d'origine persane. Musulmans shī‘ites, ils parlent un persan dialectal, ou luri. Dans les années 2000, ils sont environ un million. Ils vivent dans le pays Bakhtyār, entre Ispahan et Maidan-e-Nafta au Khūzistan, dans des régions montagneuses où se trouvent d'importants gisements de pétrole ; leur nomadisme est saisonnier. Ils se divisent en deux groupes : les Haft-Lang, comprenant cinquante-cinq tribus, et les Čahar-Lang, représentant vingt-quatre tribus, mélangées à des populations lurs et arabes. Deux fois par an, ils se déplacent à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux de moutons, chèvres et vaches. Les distances parcourues du lieu d'hivernage en plaine au point d'estivage en altitude sont de l'ordre de 250 à 300 kilomètres. La plupart des chefs de tribu ou khān vivent dans les villes, où ils possèdent des maisons pour la saison chaude. Des mirzas ou administrateurs s'occupent de leurs affaires. Nombreux sont les fils de khān qui partent à Téhéran, voire à l'étranger pour étudier, mais qui reviennent vivre au sein de la tribu. En 1949, les tribus se sont rassemblées en une grande confédération, placée sous l'autorité du Il-khān, chef assisté dans ses fonctions par l'Il-beg. Les chefs sont élus par les grandes familles et leur élection doit recevoir l'approbation du shāh d'Iran. En 1905, les Il-khāns cherchent à participer à la vie politique et demandent une réforme de la constitution. À la fin de l'année 1920, le ministre de la Défense, le sardar Assad, s'oppose à la décision de Reza shāh qui veut sédentariser toutes les populations nomades d'Iran ; elles sont à ses yeux un facteur d'instabilité politique. Sardar Assad est emprisonné, puis exécuté, ce qui provoque le soulèvement des tribus. Pendant vingt ans, le pouvoir de Téhéran emploie tous les moyens pour sédentariser les tribus (massacres des troupeaux, pollution des points d'eau, enlèvements). Les Bakhtyārī résistent jusqu'au jour où Reza shāh, pendant la Seconde Guerre mondiale, abdique en faveur de son fils. À partir de cette époque, la sédentarisation des nomades se fera en douceur. Aujourd'hui, le gouvernement a accepté un certain modus vivendi. Les Bakhtyārī payent l'impôt (l'administration prélève une taxe sur les villages dépendant des Bakhtyārī), reçoivent un enseignement obligatoire, et font le service militaire. La succession dans le commandement se fait par primogéniture. Au cours des migrations annuelles, les nomades ne peuvent se déplacer qu'en suivant des itinéraires fixés par les autorités et qui traversent la région du Shustar. Vivant essentiellement d'élevage, ils échangent avec les populations sédentaires les produits de la récolte. Pendant l'hiver, ils se dispersent en petits groupes de trois ou quatre tentes. C'est vers la mi-avril qu'a lieu le grand rassemblement et le départ vers les pâturages du Nord ; ils quitteront ceux-ci au début de l'automne. Autres ressources : leurs récoltes de blé et orge en cultures sèches ; leur alimentation est à base de laitages et de pain. Pour l'hiver, la viande de mouton est salée puis séchée. Leur principale production artisanale est le tapis tissé ou gilim, que fabriquent les femmes ; quant aux hommes, ils fabriquent les giva, sorte de chausse en grosse toile tressée et cuir. La femme Bakhtyārī, bien que musulmane, n'est pas voilée. Elle circule librement dans le territoire de la tribu à laquelle elle appartient. Une femme de chef, pendant l'absence de son mari, s'occupe des affaires tribales ; ses décisions sont tout aussi valides que celles de l'homme.[...]

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