PAIEMENTS BALANCE DES
L'équilibre de la balance des paiements : une notion complexe
Stabilité de l'équilibre
Du point de vue économique, on dira qu'une balance des paiements est en équilibre lorsque la variation des réserves est nulle. Cela ne veut pas dire qu'elle est en équilibre stable puisqu'un tel équilibre peut être obtenu par emprunt, ce qui devrait entraîner un déséquilibre dans le futur du fait du paiement des intérêts, toutes choses égales par ailleurs. L'analyse économique, pratiquement depuis son apparition, s'est posé la question de la stabilité de l'équilibre de la balance des paiements, ce qui revient à se demander si l'on peut identifier des mécanismes de rééquilibrage plus ou moins automatiques, qui tendraient à éliminer déficits ou excédents.
Les mercantilistes des xvie et xviie siècles, tels que Gérard de Malynes, Thomas Mun ou Antoine de Montchrestien, assimilaient la richesse d'un pays à l'or détenu par ce dernier. D'après eux, la politique économique devait viser à faire entrer le plus d'or possible dans le pays, et à l'empêcher d'en sortir (y compris par des mesures protectionnistes, comme le fera Colbert en France).
Des forces de rappel ?
Les économistes classiques, et David Hume en particulier (De la balance du commerce, 1752), ont cherché à montrer que cette politique n'était pas soutenable, en ce sens que les balances des paiements ont tendance à se rééquilibrer spontanément. Pour eux, un déficit de balance des paiements entraîne une sortie d'or (dans un régime d'étalon or intégral) qui a tendance à faire baisser les prix puisque la masse monétaire diminue, donc à stimuler les exportations et à freiner les importations, ce qui améliore la balance courante. Ce mécanisme de « rééquilibrage automatique », qui est censé assurer la stabilité de l'équilibre de la balance des paiements, est devenu une référence, d'ailleurs plus idéologique qu’empirique. En effet, au xixe siècle, la balance commerciale de la Grande-Bretagne est restée généralement excédentaire, au lieu de converger vers une situation d'équilibre. Ce sont des mécanismes plus subtils (les variations des prix des matières premières et le mouvement des taux d'intérêt) qui ont servi, en fait, de régulateurs. Sur le plan théorique, la pertinence de cette approche est mise en cause lorsque le rapport entre la masse monétaire et le stock d'or devient plus fragile : le comportement des autorités monétaires peut alors contrarier la diminution spontanée de la masse monétaire en cas de déficit. De plus, le rééquilibrage peut engendrer une contraction monétaire trop forte, débouchant sur une spirale déflationniste.
Les variations du taux de change
Dans des économies où la monnaie n'est plus rattachée à l'or, ce sont les variations du revenu national, du taux de change et du taux d'intérêt qui peuvent provoquer un rééquilibrage. Un déficit de la balance des paiements, par exemple, provoque une sortie de devises et donc une dévalorisation de la monnaie nationale. Cela tend à déprécier le taux de change « réel » (taux de change compensé par le rapport des prix nationaux et étrangers) et rend donc les produits nationaux moins chers pour les non-résidents, et les produits importés relativement plus chers pour les résidents. La balance commerciale devrait donc tendre à se rééquilibrer. Toutefois, cela n'est pas automatique, car si les quantités importées se réduisent, les prix de ces produits en monnaie nationale augmentent. Le rééquilibrage de la balance commerciale dépend alors de l'intensité avec laquelle les quantités importées et exportées réagissent aux variations de prix (théorème des élasticités critiques, ou condition de Marshall-Lerner). De plus, les délais de réaction de ces canaux de transmission peuvent être différents. À très court terme, l'effet d'augmentation[...]
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Écrit par
- Marc RAFFINOT : maître de conférences à l'université de Paris-Dauphine
Classification
Médias
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