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BALLET

Le premier ballet a été dansé le 15 octobre 1581 dans la grande salle du Petit-Bourbon au Louvre, à l'occasion du mariage du duc de Joyeuse, favori de Henri III, avec Mlle de Vaudémont, sœur de la reine Louise de Lorraine. Ce spectacle apparaît comme la réalisation du rêve de Baïf, une fusion de tous les arts : musique, poésie, peinture et danse. Il participe par sa splendeur aux fêtes que désirent donner les monarchies d'Europe à leur apogée. Mais du même coup un art est né qui déborde le cadre des cérémonies royales et leur survit. Le ballet d'action au xviiie siècle répond au désir d'expressivité nouvelle inspiré par Diderot et les encyclopédistes puis, dressant sur pointes la ballerine et l'habillant de blanc, les chorégraphes du xixe mettent en scène une image romantique idéale de la femme.

À l'aube du xxe siècle, Isadora Duncan rejette la discipline académique et ouvre à la danse un champ d'investigation nouveau. Désormais les auteurs de ballets puiseront à deux sources : celle de la tradition, toujours vivante en Europe et aux États-Unis, et celle de l'invention dont on cerne difficilement les formes tant elles sont diverses et multiples.

Le ballet de cour (1581-1670)

Les premiers théoriciens

Avec le ballet, la danse devient spectacle.

Au Moyen Âge, processions, cérémonies funéraires, mascarades conduisent au ballet, mais celui-ci naît vraiment du bal à l'italienne à la fin du xve siècle. Domenico da Piacenza, Guglielmo Ebreo, Antonio Cornazzano en sont les théoriciens précis. Venise, Florence donnent des fêtes inspirées des mystères chrétiens mais teintées de paganisme ; et Laurent de Médicis les transforme en cérémonies chorégraphiques : les triomphes célèbrent les mariages et les entrées dans la ville de personnages fameux. Le ballet naissant capte la fête vivante et la restitue dans l'intimité de l'appartement ou dans le cube scénique du nouveau théâtre. Dans le Grazie d'amore, Cesare Négri, un des plus célèbres maîtres à danser d'alors, note les figures nouvelles, dix variétés de pirouettes, et il recommande la position en dehors, la danse sur la pointe du pied. Dans Il Ballarino, en 1581, un de ses confrères, Fabritio Caroso, compte soixante-huit pas, dont l'intrecciata qui deviendra l'entrechat. Le premier livre imprimé, Art et instruction de bien danser, paraît à Paris à la fin du xve siècle et Toinot d'Arbeau rédige en 1588 le premier traité français : L'Orchésographie. Les grands événements sont alors l'occasion de fêtes où se modèle la forme du ballet. Pour le mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, le roi, dansant sur des vers de Ronsard, pousse en enfer Navarre et les huguenots. Mais il faut attendre 1581 pour voir se fixer clairement les caractéristiques du genre nouveau.

Le ballet instrument politique

À l'occasion d'un mariage princier, Balthazar Beaujoyeux réalise cette année-là le projet de synthèse artistique envisagé par la Pléiade. Il fait rédiger les poèmes, écrire les musiques, dresser des décors et, suivant un dessin géométrique au sol, il règle une suite de danses, coupées de combats acrobatiques inspirés des joutes anciennes. Dans ce Ballet comique de la Reine, les danseurs amateurs et le prince, à la fois acteur et spectateur, interprètent une fable où les dieux délivrent Ulysse de Circé. Cet art puise dans l'Antiquité, dans le roman de chevalerie et l'Arioste le canevas où broder le discours du pouvoir. Il s'agit de montrer que la personne royale, chargée de mérites et de vertus, est la plus propre à remédier aux désordres du monde. Pour en garder le souvenir, on publie le livret et l'on fixe dans des gravures ou des tapisseries les scènes les plus importantes, veillant à en expliciter le sens. Ainsi, dans les tapisseries des Valois commandées par Guillaume d'Orange,[...]

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Louis XIV dans le <em>Ballet royal de la nuit</em> - crédits : APIC/Getty Images

Louis XIV dans le Ballet royal de la nuit

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Marie Taglioni

Tamara Karsavina - crédits : Joan Craven/ Hulton Archive/ Getty Images

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