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BALLET

Le romantisme en France

Jean Dauberval

En France, les événements de la Révolution donnent un autre cours à l'évolution du ballet. Disciple de Noverre, Jean Dauberval crée à Bordeaux en juillet 1789La Fille mal gardée, histoire heureuse d'une passion paysanne, mais il a dû quitter l'Opéra où règnent désormais les frères Gardel. Pierre Gardel remporte en 1790 un succès avec sa Psyché qui aura 1 161 représentations. Il monte aussi Le Triomphe de la République en 1793, et ces réussites contribuent à ce que la danse en tant que spectacle prenne le pas sur l'Opéra. En 1800, le public parisien se précipite pour voir sa Dansomanie, une satire des danses du xviiie siècle où paraît la valse pour la première fois. Il monte également des œuvres pleines de tendresse (Paul et Virginie, en 1808), mais ne parvient pas à créer un style nouveau. Bien qu'il veille à ce que la pantomime ne l'emporte pas sur la danse, son ballet s'oriente vers l'acrobatie et ce sont de pâles lueurs de romantisme que l'on peut entrevoir avec La Somnambule de Jean-Pierre Aumer en 1827, et Manon Lescaut en 1830.

Les jolies mortes : « La Sylphide », « Giselle »

Les conditions historiques seront pourtant bientôt réunies pour une renaissance profonde du ballet.

Marie Taglioni - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

Marie Taglioni

La Révolution et l'Empire ont passé. Sous l'influence croissante d'une Église qui empêche les paysans de danser et qui fait fermer l'Opéra de Paris, la Restauration favorise l'apparition d'un nouveau type de danseuse. Certes, Geneviève Gosselin était déjà montée sur pointes, mais Marie Taglioni donne un sens à cette innovation. Sans trace d'efforts ni de sensualité, elle danse comme si elle n'avait pas de corps. Le surnom qu'on lui donne « Marie pleine de grâce » lui convient à merveille. Elle a la pâleur chrétienne d'Atala. Dans l'opéra de Meyerbeer, Robert le Diable, en 1831, Henri Duponchel imagine des spectres de nonnes qui sortent de leur tombeau pour une valse. C'est la première apparition de la morte, dont Fillipo Taglioni fixe l'image idéale avec La Sylphide. Le livret d'Adolphe Nourrit s'inspire du Trilby de Charles Nodier. Au premier acte, les danses du monde brillent de toutes leurs couleurs afin de mieux faire apparaître au deuxième acte, avec le ballet blanc, la gaze, le tulle, la tarlatane, les mystérieux rivages de l'autre vie. La Sylphide porte des chaussons de satin, des ailes transparentes, une couronne virginale... et sa robe deviendra bientôt à la ville celle des premières communiantes et des mariées. Devant l'immatérielle beauté, le danseur s'efface, il se fait porteur et c'est l'envol impondérable d'une danse toute ballonnée qui est la caractéristique du ballet romantique.

Marie Taglioni se retire en 1837. Autre chef-d'œuvre de même inspiration, Giselle date de 1841 : « Voilà la jolie morte dont nous avions besoin », s'écrie Théophile Gautier, auteur du livret. Le thème se trouve dans Les Orientales de Victor Hugo, mais le plan reste conforme à celui de La Sylphide ; la danseuse nouvelle se nomme Carlotta Grisi et le meilleur de la chorégraphie est de Jules Perrot, maître de ballet à Londres. La musique d'Adolphe Adam entraîne des tourbillons blancs de personnages féeriques dans la nuit et, à partir de cette illusion d'éternité, s'invente une danse à la pureté de diamant où s'exprime le secret de la mélancolie. Deux ans plus tard, pour Carlotta, Gautier écrit La Péri. Une autre étoile est apparue en 1834 dans La Tempête de Jean Coralli : Fanny Elssler. Avec ses petits pas serrés qui attaquent les planches, elle est le pôle terrestre et païen du romantisme. Dans Le Diable boiteux, s'accompagnant de castagnettes, elle interprète une cachucha, aussi les taglionistes éprouveront-ils comme un sacrilège[...]

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Louis XIV dans le <em>Ballet royal de la nuit</em> - crédits : APIC/Getty Images

Louis XIV dans le Ballet royal de la nuit

Marie Taglioni - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

Marie Taglioni

Tamara Karsavina - crédits : Joan Craven/ Hulton Archive/ Getty Images

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