BALLET
Le ballet classique en Europe et l'influence russe
Si le ballet romantique semble à Paris s'éteindre, le feu de la danse continue de brûler clairement dans les trois pays d'Europe où il fut allumé au début du siècle : l'Italie, le Danemark, la Russie.
L'école italienne et danoise
Auteur du Manuel complet de la danse, Carlo Blasis (1785-1878) prépare à Milan des danseuses qui brilleront à Paris et à Saint-Pétersbourg : Rosita Mauri, Carlotta Brianza, Virginia Zucchi, Pierina Legnani. Un élève de Vestris, Auguste Bournonville (1805-1879), implante l'école française au Danemark. Il monte de nouveau La Sylphide pour Lucile Grahn (1836), puis des ballets où la pantomime joue un grand rôle : Loin du Danemark, La Kermesse de Bruges. Il y mêle la danse noble, expression lyrique du bonheur, à des pas de folklore, et, avec Napoli, affirme son goût pour les danses nationales. Directeur du ballet danois à partir de 1930 et auteur d'un hommage à la danse académique dans Études, Harald Lander maintient cette école qui fournit des danseurs aux meilleures compagnies.
Les grandes figures venues de Russie
Au pays des tsars, le ballet apparaît tardivement – Catherine fonde la Direction des théâtres impériaux en 1766 – mais il va connaître un développement incomparable. À la charnière des siècles, Ivan Valberkh monte le nouveau Werther avec scandale et succès, puis des ballets patriotiques, un Festival des armées alliées à Montmartre ; il dirige également le ballet de Saint-Pétersbourg. Charles-Louis Didelot règle des œuvres mythologiques dont l'étoile est Maria Danilova, puis des tragicomédies. Après une reprise de La Fille mal gardée, il donne Le Prisonnier du Caucase sur un poème de Pouchkine avec Avdotia Istomina, la ballerine célébrée dans Eugène Onéguine. L'intérêt se porte alors sur la vérité des caractères, la couleur locale, les danses populaires, la liberté du corps et quelques rudiments de pointe. Il faut attendre Marie Taglioni et La Sylphide en 1837 pour que la grande danse romantique pénètre en Russie. Andreyanova danse Giselle en 1842. Puis Fanny Elssler arrive en 1848 pour rencontrer Jules Perrot qui prépare La Esmeralda. Gautier dit alors que le corps du ballet de Saint-Pétersbourg « n'a pas son pareil pour l'ensemble, la précision et la rapidité des évolutions ». Paris bientôt n'est plus le centre du monde dansant. Un mouvement d'opposition au ballet pourtant se développe en Russie, conduit par des écrivains : Saltykov Schedrine et Nikolaï Alexeïevich Nekrassov. Ils refusent ce spectacle du mensonge et veulent lier l'art au réel. Mais un magicien comme on en voit dans les contes de fée s'empare de la scène.
Marius Petipa
Présent plus d'un demi-siècle en Russie, Marius Petipa devient la figure dominante du ballet. Sa collaboration avec Tchaïkovski, à partir de 1890, puis avec Glazounov (Raymonda, 1898) et le soin avec lequel il forme ses danseurs expliquent son succès. Ses œuvres seront interprétées par sa femme, Maria Surovshchikova, par Maria Muravieiva, Yekaterina Vazem, Yevgenia Sokolova, Varvara Nikitvina, les danseurs Sergei et Nicolas Legat, et surtout Pavel Gerdt qui établit la tradition d'élégance et sera le maître de Pavlova. Venu de Marseille, Petipa monte La Fille du pharaon (1863) d'après Le Roman de la momie puis La Belle du Liban. Sans se soucier du drame, son ballet devient un enchaînement de solos et de pas de deux brillants, une suite de perles chorégraphiques. À la tête de la troupe de Saint-Pétersbourg en 1869, il donne un Don Quichotte qui éblouit Auguste Bournonville par son décor, mais le choque par l'absence de grâce et de raison dans la composition. Le goût pour le clinquant s'accentue avec La Belle au bois dormant, qui reste un triomphe grâce à Lev Ivanov, chorégraphe, Enrico Cecchetti et Carlotta Brianza.[...]
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Écrit par
- Bernadette BONIS : journaliste dans le domaine de la danse
- Pierre LARTIGUE : écrivain
Classification
Médias
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