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BALLET

Comment assumer la modernité ?

Le ballet, tout comme la danse moderne aux États-Unis, a traversé la Seconde Guerre mondiale sans rupture et s'est même imposé avec les vainqueurs en Allemagne et au Japon. Cependant, dans ce dernier pays, le traumatisme d'Hiroshima fait naître une expression nouvelle, le buto.

Vers la fin des années 1960, une contestation généralisée éclate. On s'insurge contre le consumérisme, contre le marché de l'art et l'élitisme des lieux de spectacle. On prône la libération des corps et on renverse les barrières entre les arts. Les danseurs contestent les formes figées du ballet ou les codes de la danse moderne élaborés par les maîtres américains. Le développement d'une politique culturelle favorisant la création des arts fait de la France un carrefour où se croisent des artistes venus de tous les horizons. La Jeune Danse française, encore appelée « Nouvelle Danse française », explose dans les années 1980. Partout dans le monde, la création chorégraphique se démultiplie, mais au prix d'une certaine standardisation dans un brassage des techniques et valeurs de la danse classique et de la danse moderne.

Héritage du ballet en France

Après la Seconde Guerre mondiale, le courant néoclassique est animé par de jeunes chorégraphes.

Roland Petit incarne l'esprit parisien et capte l'air du temps dans ses ballets narratifs Les Forains (1945) et Le Jeune Homme et la Mort (1946), son chef-d'œuvre. Carmen (1949) assure le triomphe de Zizi Jeanmaire, son épouse, pour qui il réglera des revues à grand spectacle. Petit revient ensuite à la danse en 1965 avec Notre-Dame de Paris et poursuivra son œuvre à la tête du Ballet de Marseille, de 1972 à 1997.

Jorge Donn - crédits : Linda Vartoogian/ Getty Images

Jorge Donn

Maurice Béjart, ouvert à toutes les cultures, bouscule le ballet par le choix des musiques et des sujets. Symphonie pour un homme seul (1955, musique Pierre Schaeffer et Pierre Henry) lui permet de construire un style personnel. Au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, où il fonde bientôt les Ballets du xxe siècle (1960-1992), il crée Le Sacre du printemps (1959), puis Bolero(1961), hymnes à l'amour et au désir. Il gagne une audience populaire en se produisant dans des lieux non traditionnels, tel le Palais des sports. Invité par Jean Vilar en 1967, il fait entrer la danse au festival d'Avignon. Le chorégraphe aspire à un théâtre total et fonde, à Bruxelles, en 1970, l'école Mudra pour une formation des danseurs ouverte sur tous les arts et d'où sortiront de nombreux chorégraphes. Quittant Bruxelles, Béjart s'installe à Lausanne en 1989 avec un groupe plus restreint. Il reste le chorégraphe français le plus populaire.

En 1968, le Ballet Théâtre Contemporain (B.T.C.) s'installe dans la nouvelle Maison de la culture d'Amiens. Félix Blaska y remporte un vif succès avec les Danses Concertantes (1968) et Michel Descombey fait scandale en 1970 avec Hymnen, où les danseurs évoluent pieds nus. La modernité du B.T.C. vient des peintres et musiciens plutôt que des chorégraphes qui restent prisonniers de leur langage classique. À cette époque, Brigitte Lefèvre et Jacques Garnier quittent l'Opéra de Paris pour se mettre à l'école de Cunningham puis fondent, en 1972, le Théâtre du Silence, qui s'installera à la Rochelle en 1974. En 1980, Garnier revient à l'Opéra pour créer le G.R.C.O.P. (Groupe de recherche chorégraphique de l'Opéra de Paris) qu'il dirigera jusqu'à sa mort en 1989. Brigitte Lefèvre sera nommée, en 1995, directrice de la danse de l'Opéra-Garnier.

La rupture postmoderne aux États-Unis

Dans les années 1960, l'esprit d'expérimentation d'une nouvelle génération dite postmoderne, adepte du minimalisme et de l'anti-art, substitue à la notion de spectacle celle de « performance ». Au sein du collectif Judson Dance Theater (1962-1966), puis du Grand Union (1970-1976),[...]

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Louis XIV dans le <em>Ballet royal de la nuit</em> - crédits : APIC/Getty Images

Louis XIV dans le Ballet royal de la nuit

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Marie Taglioni

Tamara Karsavina - crédits : Joan Craven/ Hulton Archive/ Getty Images

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