NEUMANN BALTHASAR (1687-1753)
Les églises de Balthasar Neumann
La chapelle de la résidence n'est pas le premier essai de Neumann dans le domaine de l'architecture religieuse mais elle marque le point de départ de nouvelles conceptions que l' église des Vierzehnheiligen et celle de Neresheim porteront à leur apogée. Entre 1730 et 1735, il donne les plans et surveille la construction de l'église de pèlerinage de Gössweinstein (Franconie) ; la coupole basse qui couvre la croisée du transept dénote un effort encore incertain pour résoudre la vieille antinomie entre plan central et plan basical. À Etwashausen (Franconie), où les travaux commencent en 1741, la solution est plus audacieuse : la nef se réduit à deux courtes travées ; la croisée forme un carré, sur les diagonales duquel se disposent quatre couples de colonnes toscanes à fût lisse, portant les fragments d'un entablement circulaire qui constitue la base de la coupole. L'effet de centralisation de l'espace est encore plus accusé dans l'église de Gaibach (Franconie) qui date des mêmes années ; Neumann expérimente ici pour la première fois l'idée des espaces elliptiques qui se pénètrent réciproquement. C'est cette idée qui triomphe à la chapelle de Würzburg avec son corollaire, la formule des arcs gauches tangents au sommet.
Il est possible que cette idée ait été inspirée à Neumann par l'exemple qu'avaient donné à Banz, tout près de Würzburg, les Dientzenhofer, architectes pragois. Neumann a lui-même travaillé à Banz, pour compléter les bâtiments de l'abbaye. En 1742, il dépose son plan pour la reconstruction de l'église de pèlerinage dédiée aux quatorze saints intercesseurs, les « Vierzehnheiligen », située juste en face de Banz.
La construction des Vierzehnheiligen eut une histoire compliquée. L'architecte Gottfried Krohne, dont les plans avaient été écartés, mais qui demeurait chef du chantier, entama les travaux à un emplacement légèrement différent de celui que Neumann avait prévu ; il en résultait que l'endroit de l'apparition miraculeuse, sur lequel devait prendre place l'autel principal, n'était plus dans le chœur, mais au centre de la nef. En 1744, Neumann remanie ses plans et construit un modèle en bois, conservé aujourd'hui au musée de Bamberg. La nouvelle position de l'autel oblige à accentuer le caractère central de l'édifice. Il y parvient en créant un décalage hardi entre le plan au sol (qui reste un plan basical, avec une nef, des bas-côtés et un transept) et le plan des voûtes (trois coupoles surbaissées sur plan
elliptique) ; la coupole qui couvre la nef est la plus importante, des arcs gauches la raccordent aux coupoles qui couvrent le chœur et la travée d'entrée. Ainsi, privilégiée sur le plan, la croisée du transept est en fait indiquée, au niveau des voûtes, par l'accolement de deux grands arcs, ce qui la réduit à n'être qu'un temps faible ; cet effet est accentué au moyen du second transept, que Neumann introduit au niveau de la jonction entre l'ellipse principale et celle de l'entrée. L'autel principal, ainsi que l'ensemble de la décoration, furent exécutés après la mort de Neumann par Jakob Michael Küchel et Thomas Appiani. Extraordinairement lumineuse et claire, l'église forme une sorte d'écrin étincelant autour de l'autel central ; le jeu combiné des différentes courbes donne au visiteur l'impression, à mesure qu'il se déplace, de circuler dans un espace aux frontières incertaines et aux articulations trompeuses. Le premier motif d'admiration que l'on éprouve devant les Vierzehnheiligen est l'insertion dans le paysage ; la façade en pierre jaune de l'église s'élève au milieu de collines boisées, flanquée de ses deux tours aux bulbes compliqués. Un effet plus achevé encore est obtenu au Käppele de Würzburg ; ici Neumann a aménagé toute la pente d'une colline au moyen de terrasses et[...]
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
Classification
Médias
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