PERMOSER BALTHASAR (1651-1732)
Grand ouvrier des années glorieuses de la Dresde baroque, avec Matthaüs Pöppelmann, Balthasar Permoser travailla d'ailleurs souvent en étroite collaboration avec son confrère architecte ; né à Salzbourg, formé en Italie, il fut appelé seulement en 1691 au service de Jean-Georges III, le père d'Auguste le Fort. Il fit à Dresde tout le restant de sa longue carrière et on peut à bon droit le regarder comme un sculpteur saxon.
S'il y avait, parmi les artistes du baroque germanique, quelqu'un que l'on dût citer comme le continuateur de Bernin, ce serait à coup sûr Permoser. Son long séjour en Italie lui permit d'assimiler, non seulement la technique, mais l'esprit du maître romain, et on en trouve l'écho dans toutes ses œuvres. Le rappel est presque direct dans sa Tête de damné (env. 1720, musée des Beaux-Arts, Leipzig) : une intolérable douleur convulse la face, fait se contracter les muscles des épaules et du cou, et l'on croit presque entendre le cri que lance cette bouche grande ouverte, dont les lèvres se retroussent et laissent apparaître les dents.
C'est à Permoser que l'on est redevable de la riche décoration sculptée du Zwinger, que la guerre a mutilée d'une manière irrémédiable. Mais Permoser donne le meilleur de son génie dans les œuvres religieuses. Le Saint Augustin et le Saint Ambroise, datés de 1720 environ (musée municipal de Bautzen), montrent la grandeur et l'intensité de sentiment dont il est capable dans ce genre : la vivacité que donnent à ces statues le mouvement de la tête et le geste des mains se combine avec l'ampleur majestueuse des drapés, traités en grands plis cassés. Les effets de virtuosité sont sacrifiés et le matériau, en l'occurrence le bois, est traité avec un respect de ses exigences propres qui rappelle l'art de sculpteurs anciens comme Riemenschneider. L'influence de Permoser fut à la mesure de ses mérites ; on peut la déceler en particulier chez Mathias Braun.
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
Classification
Média
Autres références
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IVOIRE
- Écrit par Eugen von PHILIPPOVICH
- 3 090 mots
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... qui prend la place de l'ivoire, mais emprunte à la sculpture sur ivoire son inspiration et ses modèles. C'est ainsi, par exemple, que les Saisons de Permoser furent imitées sur porcelaine. En ce qui concerne la part de l'ivoirerie dans l'histoire générale de la petite sculpture, on peut recenser plus...