BAN KI-MOON (1944- )
Diplomate sud-coréen, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) de 2007 à 2016.
Ban Ki-moon, né à Eumseong en Corée du Sud en 1944, a exercé la fonction de secrétaire général de l'ONU du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2016, son mandat ayant été renouvelé en 2011. Il est le second Asiatique à accéder à cette responsabilité après le Birman U Thant, qui fut secrétaire de 1961 à 1971. Contrairement à son prédécesseur direct, Kofi Annan (1997-2006), il ne provient pas du sérail onusien. Son parcours est en effet celui d'un diplomate de carrière qui a servi comme ministre des Affaires étrangères aussi bien que comme ambassadeur en Inde, en Autriche et aux États-Unis. Ayant dirigé la division Nations unies au ministère des Affaires étrangères (1985), puis la Mission permanente sud-coréenne auprès de l'ONU (1991), sa connaissance des problèmes onusiens est pourrait-on dire plus externe qu'interne ou, encore, davantage bilatérale que multilatérale. Toutefois, il est à signaler que, lors de la 56e session de l'Assemblée générale de l'ONU (ouverte au lendemain des attentats terroristes commis le 11 septembre 2001 aux États-Unis, et dont la Corée du Sud assuma la présidence), sa fonction de chef de cabinet du président de l'Assemblée lui permit de jouer un rôle direct et significatif dans l'arène onusienne.
La nomination de Ban Ki-moon, dont la nationalité prêtait au soupçon de proaméricanisme inconditionnel – la Corée du Sud est en effet protégée par quelque 40 000 soldats américains –, et dont le profil bas contrastait avec le charisme de Kofi Annan, fut généralement accueillie avec réserve, pour ne pas dire avec scepticisme, par la presse internationale. Le huitième en date des secrétaires généraux de l'ONU inaugura d'ailleurs son mandat par une bévue de taille : le jour de son entrée en fonction, il déclara (au sujet de la pendaison du dictateur irakien Saddam Hussein) que la peine capitale relevait de la volonté de chaque État souverain, oblitérant ainsi – par maladresse, conviction ou réflexe conformiste d'un haut fonctionnaire dont le pays appliquait la peine de mort – la position doctrinale de l'ONU en la matière. Ban Ki-moon s'est évertué ensuite à dissiper les doutes concernant sa personnalité par une activité diplomatique débordante, ainsi que par des prises de position tranchées au sujet, entre autres, de la fermeture de la prison américaine de Guantanamo, du déploiement au Kosovo d'une mission de l'Union européenne, de la réélection frauduleuse du dictateur Robert Mugabe au Zimbabwe en juin 2008, des bombardements de bâtiments de l'ONU lors de l'intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza en janvier 2009, ou de l'opération Aube de l'Odyssée en Libye en mars 2011.
Dans le cadre d'une feuille de route pour 2015 sans grande originalité (renforcement de la capacité de l'ONU à gérer les conflits affectant la sécurité internationale, concrétisation des « objectifs du millénaire pour le développement » et amélioration de la protection des droits de l'homme), Ban Ki-moon a assigné à son action en tant que secrétaire général trois priorités majeures respectivement liées à la réforme du secrétariat, au réchauffement climatique et au conflit du Darfour.
La fin de son mandat a été marquée par la guerre en Syrie, dans laquelle l’influence de l’ONU et de son secrétaire général s’est trouvée considérablement amoindrie. C’est donc une institution affaiblie qu’il laisse à António Guterres en janvier 2017.
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Écrit par
- Victor-Yves GHEBALI : professeur à l'Institut universitaire de hautes études internationales, Genève
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