BANGKOK
Bangkok, la capitale de la Thaïlande, est une ville de delta chevauchant la Chao Phraya. Précédée par Thonburi sur la rive droite, la capitale a été transférée en 1782, par la dynastie Chakri, sur la rive gauche dans la péninsule Ratanakosin, délimitée à l'ouest par le fleuve et à l'est par une série de trois canaux parallèles, repoussant le quartier chinois vers l'aval. Au xxe siècle, un péricentre s'est développé immédiatement à l'est de la gare, puis la ville s'est étendue vers le nord en direction de l'aéroport et vers le sud en direction du port fluvial en aval sur la Chao Phraya. Une dizaine de ponts, construits depuis 1932, permettent aujourd'hui d'intégrer Thonburi dans l'agglomération. La ville se développe maintenant en suivant les axes routiers desservant le nord, le nord-est, le sud, et vers les ports de l'Eastern Sea Board et les nombreuses stations balnéaires, parmi les plus appréciées de Thaïlande pour leurs multiples attractions culturelles et leur vie nocturne.
Histoire de la construction urbaine
Bangkok devient la capitale du Siam (ancien nom de la Thaïlande) en 1782, lorsque le général Chao Phraya Chakri, fondateur de la dynastie Chakri au pouvoir, monte sur le trône sous le nom de Rama Ier et déplace la cour de la rive ouest à la rive est du Chao Phraya. Cette décision semble dictée par des raisons stratégiques. La longue courbe décrite par le fleuve à l'ouest offre en effet de larges douves protégeant les côtés nord, ouest et sud du nouveau site, tandis qu'à l'est s'étend un vaste delta marécageux, très difficile à traverser. Rama Ier construit la nouvelle ville sur le modèle de l'ancienne capitale, Ayuthaya, située à 60 kilomètres au nord. À la fin de son règne, la cité est établie, le grand palais fortifié et le temple Wat Pho achevé. Un nouveau mur d'enceinte, très imposant (3 mètres d'épaisseur et 4 mètres de hauteur), entoure la ville, longeant le fleuve et le canal Khlong Ong Ang à l'est.
D'autres temples (wat) sont construits sous les règnes de Rama II (1809-1824) et de Rama III (1824-1851). Outre leur fonction religieuse, ils servent d'école, de bibliothèque et d'hôpital. C'est à cette époque que le Wat Arun, remarquable par la taille de sa flèche, le Wat Yan Nawa et le Wat Bowon Niwet sont achevés. Le Wat Pho est agrandi, tandis que la construction du Wat Sutat commence. Le fleuve et les canaux sont alors les seules voies de communication.
Rama IV (1851-1868) développe la ville tout en continuant de construire des wats, bien qu'à un rythme moindre. Le grand palais est embelli et un certain nombre de demeures imposantes sont construites pour les membres de la famille royale. Plusieurs nouvelles rues sont percées et le nombre de maisons flottantes amarrées le long de la rive est réduit. Une nouvelle route est percée vers le sud. Une nouvelle douve est creusée et fortifiée parallèlement au premier canal de la ville. Un long canal la relie à l'actuelle zone portuaire, permettant ainsi aux petits bateaux de contourner le long coude que forme le fleuve au sud de la ville. Un chemin, aujourd'hui transformé en route nationale, est aménagé le long de cette voie d'eau.
Pendant son long règne, le roi Rama V (1868-1910), ou Chulalongkorn, transforme la ville par une politique de grands travaux. Adepte de l'automobile dès son invention, il prévoit les répercussions de l'utilisation des véhicules motorisés sur le développement de la ville et lance un vaste programme de construction de routes et de ponts. Une grande partie du mur d'enceinte, devenu obsolète, est détruit pour percer des routes ; mais deux forts, une large porte et une section du mur sont conservés à ce jour. Le centenaire de la ville, en 1882, est marqué par la mise en œuvre de nombreuses réformes sociales, dont témoignent[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Lawrence STERNSTEIN : maître de conférences en géographie, Université nationale australienne, Canberra
- Christian TAILLARD : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK , Bernard HOURCADE , Georges MUTIN , Philippe PELLETIER et Jean-Luc RACINE
- 24 799 mots
- 10 médias
...et de déterminer la population urbaine. Selon les données des Nations unies, Ho Chi-Minh ville dépassait les 5,7 millions d'habitants en 2010, Bangkok 9,7 millions et Manille 11,5 millions, si l'on étend les limites des villes aux agglomérations qui leur sont fonctionnellement associées. Ces... -
MÉKONG
- Écrit par Christian TAILLARD
- 5 387 mots
- 1 média
...péninsule, nationale pour le couloir reliant les capitales provinciales du sud de la Chine. Dans cette nouvelle organisation régionale, le corridor Kunming- Bangkok se détache et constitue l'axe de gravité de l'architecture régionale. Le nouveau couloir Nanning-Hanoï-Bangkok forme un second axe méridien structurant.... -
THAÏLANDE
- Écrit par Jean BOISSELIER , Achille DAUPHIN-MEUNIER , Encyclopædia Universalis , Christian LECHERVY , Christian TAILLARD et Solange THIERRY
- 24 730 mots
- 17 médias
La centralisation de la Thaïlande sur la plaine centrale et sur Bangkok date des souverains modernisateurs Mongkut et Chulalongkorn qui ont lutté, au xixe siècle, contre les entreprises coloniales britannique et française, en ayant recours aux moyens que ces puissances utilisaient. Ils ont notamment...