BANGUI
La capitale centrafricaine, Bangui, avec son agglomération incluant Bimbo, est créditée d’une population de 1 500 000 habitants en 2023, soit plus de la moitié de la population urbaine du pays. Berberati, la deuxième ville du pays, ne compte guère plus de 100 000 habitants. Bangui illustre parfaitement la macrocéphalie ou primatie, caractéristique des situations de sous-développement.
La ville est née en 1889, comme poste militaire français, implanté à l'aplomb des rapides qui, barrant l'Oubangui, constituent la limite amont, de la voie navigable Congo-Oubangui. En 1914, le transfert de la capitale de l'Oubangui-Chari de Fort-de-Possel à Bangui a confirmé l'importance géostratégique de cette dernière. La croissance démographique s'est accélérée après la Seconde Guerre mondiale (16 000 habitants en 1920, 60 000 en 1950, 80 000 en 1960, 340 000 en 1980).
Principale destination de l'exode rural, Bangui rassemble des populations originaires de toutes les régions de Centrafrique, regroupées par affinités ethniques dans les quartiers ou kodros. Les gens du fleuve (Sango, Yakoma) se mélangent peu avec les gens des savanes (Gbaya, Banda...). Les violences politiques que la ville connaît depuis les années 1990, d’abord les mutineries de 1996, puis les troubles consécutifs au renversement du président Bozizé (2013), ont instrumentalisé les différences entre groupes ethniques et religieux. Signe d'un faible dynamisme économique, le nombre d'étrangers est peu élevé ; ils viennent surtout de la République démocratique du Congo (RDC) car il leur suffit de traverser le fleuve. Libanais et Yéménites occupent des positions importantes dans le commerce.
La fonction de capitale se traduit par l'importance des fonctionnaires : la majorité des agents de l'État résident à Bangui. La capitale centrafricaine héberge également le siège de la Communauté économique et monétaire en Afrique centrale (CEMAC) et ses fonctionnaires internationaux. Le secteur industriel est, quant à lui, moribond, les entreprises pénalisées par l'enclavement et l'absence d'infrastructures économiques performantes ne sont pas en mesure de résister à la concurrence internationale, asiatique principalement. Plusieurs usines implantées à Bangui ont fermé au cours des années 1990 (textile, montage automobile) ; il ne reste guère que la brasserie Mocaf et la manufacture de cigarettes Socacig. La plupart des activités relèvent du secteur informel, petit commerce, artisanat, transport, sans toutefois parvenir à résorber le sous-emploi, particulièrement important parmi les jeunes. C'est une des raisons pour lesquelles beaucoup de Banguissois ont recours à une agriculture d'appoint : Bangui est sans doute la capitale africaine qui se distingue le plus par son cachet rural. Vue du ciel, elle ressemble à un immense verger, les maisons des kodros disparaissant sous les frondaisons des manguiers et autres arbres fruitiers. La culture de maïs, manioc, banane plantain, canne à sucre, légumes, dans les concessions (terrains bâtis et non bâtis d'une famille), constitue un apport alimentaire indispensable pour beaucoup de citadins. Cela ne suffit pourtant pas, comme le montre le nombre grandissant de godobes, les enfants des rues, produits de la pauvreté urbaine.
La situation s’est détériorée en 2012-2013, quand la rébellion de la Seleka a pris les armes et occupé Bangui. La capitale centrafricaine s’est transformée en terrain d’affrontements entre milices Seleka et « antibalaka », provoquant le déplacement d’un tiers de ses habitants. L’opération militaire française Sangaris (2013 à 2016) est parvenue à sécuriser la capitale, sans que la crise politique soit pour autant résolue. La fin de cette opération, relayée par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca)[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Roland POURTIER : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
Classification
Média
Autres références
-
CENTRAFRICAINE RÉPUBLIQUE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Apolline GAGLIARDI , Jean-Claude GAUTRON , Jean KOKIDE , Jean-Pierre MAGNANT et Roland POURTIER
- 10 512 mots
- 7 médias
Souvent dénommée Centrafrique, la République centrafricaine (RCA) a une superficie de 622 980 km2, dont 74 000 km2 de forêts et 20 000 km2 de terres arables. La population centrafricaine est d’environ 5,6 millions d’habitants (2023), avec une densité moyenne autour de 9 hab./km2...