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BANK RUNS, DEPOSIT INSURANCE, AND LIQUIDITY, D. Diamond et P. Dybvig Fiche de lecture

Les théories de l'intermédiation bancaire et financière, qui se développent à la fin des années 1970, s'articulent autour de deux grandes justifications de la firme bancaire. D'un côté, les coûts associés à la résolution de problèmes d'asymétries d'information concernant la sélection et le contrôle des emprunteurs de fonds par les prêteurs : en s'interposant entre l'ensemble formé par les prêteurs et celui formé par les emprunteurs, et en effectuant à la place des premiers la sélection et le contrôle des seconds, un intermédiaire financier tel qu'une banque évite la duplication des coûts. De l'autre, une incompatibilité fondamentale entre les prêteurs, qui souhaitent des placements liquides (aisément mobilisables à court terme) pour pouvoir faire face à leurs besoins de consommation et, face à eux, des emprunteurs qui, au contraire, ont besoin que soient mobilisés pour eux des fonds à long terme leur permettant de mener à bien leurs projets d'investissement productif : la banque apparaît ici comme un intermédiaire capable de mettre à la disposition des emprunteurs les fonds de ses déposants (prêteurs) tout en assurant ces derniers de pouvoir récupérer leurs fonds à tout moment. Le modèle de Douglas Diamond et Philip Dybvig, publié en 1983 dans le Journal of Political Economy, s'intéresse à ce second aspect. Ces auteurs sont les premiers à fournir une explication formalisée du service de liquidité que les banques offrent à leurs déposants et de l'instabilité qui en découle.

Service de liquidité et fragilité intrinsèque des banques

Les déposants confient aux banques des fonds que celles-ci investissent dans des projets d'investissement à long terme. Le service de liquidité inscrit dans le contrat de dépôts assure les déposants de pouvoir récupérer leurs fonds dès qu'ils en auront besoin pour consommer. Paradoxalement, c'est l'investissement des fonds à long terme (engendrant un rendement supérieur à celui d'un investissement de court terme) qui permet aux banques d'offrir ce service de liquidité et, ce faisant, de réaliser un meilleur partage du risque (celui d'un besoin impérieux de consommation à court terme) entre les déposants que celui qui s'opérerait sur le marché (où ceux ayant investi à court terme récupéreraient pour leur consommation une somme bien moindre que ceux ayant eu la possibilité de placer leurs fonds à long terme). La banque duplique implicitement le contrat d'assurance que les consommateurs pourraient souscrire auprès d'une mutuelle d'assurance si leur risque était vérifiable.

Cependant, cette assurance de liquidité passe par la « transformation d'actifs illiquides [prêts] en passifs liquides [dépôts] ». Or, la réalisation de son actif ne se faisant qu'à long terme (fin de la période 2 dans le modèle), la banque n'a évidemment pas de quoi servir l'intégralité des demandes de retraits, si tous les déposants se précipitent à ses guichets. Le service de liquidité que procure la banque implique donc nécessairement un risque d'illiquidité, qui se réalise lorsque tous les déposants « paniquent » et retirent prématurément leurs dépôts (ruées aux guichets ou runs), même ceux qui n'avaient pas besoin de fonds à la date du run.

Les déposants sont, en effet, dans une situation d'interaction stratégique : le retrait obtenu par un déposant dépendra de ceux effectués par les autres (« premiers arrivés, premiers servis ! »). Ils peuvent ainsi être conduits à craindre, suite à une rumeur, à une mauvaise nouvelle (voire aux difficultés d'une autre banque), que d'autres ne réclament la conversion de leurs dépôts avant eux, compromettant ainsi leur propre remboursement (si les retraits précédents vont jusqu'à provoquer la liquidation de la banque), auquel cas,[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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