BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BAD)
La Banque africaine de développement (BAD) est une banque multilatérale de développement chargée de promouvoir la croissance soutenable et de réduire la pauvreté en Afrique. Le groupe éponyme rassemble trois entités : la banque elle-même, créée en 1964 dans la foulée de l’indépendance de la plupart des pays d’Afrique, et deux guichets concessionnels (dans un objectif d’octroi de facilités financières, dons et/ou des bonifications d’intérêts), le Fonds africain de développement (FAD), créé en 1972, et le Fonds spécial pour le Nigeria (FSN), institué en 1976. L’ensemble constitue le premier bailleur public africain, finançant historiquement de grands projets d’infrastructure mais aussi, de plus en plus, les entreprises privées, notamment par l’intermédiaire du secteur bancaire. Les financements du Groupe BAD se sont nettement accrus ces dernières années et sont en soutien croissant aux projets permettant de lutter contre le réchauffement climatique.
Une institution financière issue de l’indépendance de pays africains
En août 1963, dans le contexte de la décolonisation déjà largement engagé du continent, 23 pays réunis en trois formations distinctes (les groupes de Brazzaville, de Casablanca et de Monrovia) décident par les accords de Khartoum (Soudan) de créer une institution financière publique à même de promouvoir l’indépendance, l’intégration et le développement africains. À ses débuts, la BAD octroie de simples prêts à de grands projets d’infrastructure (par exemple des routes, ponts, barrages de rétention d’eau) promus par les secteurs publics dans un nombre limité de pays. L’institution s’élargit peu à peu à d’autres pays et étoffe ses instruments financiers : à partir des années 1980, elle financera des programmes d’ajustements structurels et sectoriels tout en continuant de proposer des prêts classiques et des services d’assistance technique à projets et aux politiques publiques.
Avec la création du Fonds africain de développement (FAD), en 1972, la BAD devient un groupe et propose des prêts concessionnels (à taux d’intérêt très réduits), sur des périodes très longues, à une trentaine de pays très pauvres, mais aussi des dons. Cette institution, sœur de la banque, est historiquement soutenue par des pays développés qui, à partir de 1982, deviennent les membres non régionaux du groupe. On retrouve parmi ceux-ci la grande majorité des pays d’Europe occidentale et la Turquie, mais aussi les États-Unis, certains pays d’Amérique latine (Brésil, Argentine), la Chine, la Corée du Sud et le Japon. Les non-régionaux, minoritaires – ils représentent un tiers des 81 pays membres en 2021 –, sont toutefois très influents : ils sont actionnaires de la BAD, contributeurs financiers au FAD et pourvoyeurs d’expertises diverses.
Établi à Abidjan (Côte d’Ivoire) depuis 1965, le Groupe BAD a progressivement étendu son action à 54 des 55 pays de l’Union africaine (la République sahraouie faisant exception), auxquels il limite exclusivement ses opérations. Ces pays sont répartis en trois catégories distinctes :
– les pays FAD, pauvres et non solvables, rassemblent les États du Sahel, d’Afrique de l’Ouest (sauf le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Nigeria) et d’Afrique centrale et orientale (à l’exception du Kenya) ;
– les pays BAD, plus développés et solvables, se situent essentiellement au nord (Maghreb, Libye, Égypte) et au sud (Angola, Namibie, Botswana, Afrique du Sud, sauf Zimbabwe et Lesotho) ;
– enfin, les pays dits de blending (bénéficiant de mélanges de dons publics et de prêts et par ailleurs également éligibles au FAD), pauvres mais disposant d’une notation financière, ne sont que quatre (Sénégal, Côte d’Ivoire, Kenya et Zambie).
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
Classification
Autres références
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