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BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BAD)

La Banque de développement de l’Afrique

Le Groupe BAD dispose aujourd’hui de nombreux attributs des grands bailleurs publics présents en Afrique. Son capital important (220,6 milliards de dollars de capital souscrit en 2020) lui permet de lever plusieurs milliards de devises fortes sur les marchés de capitaux chaque année tout en conservant l’excellente notation financière AAA. Sa palette d’instruments financiers et d’assistance technique est appréciable, même si elle est sans doute moins étoffée que celles des autres banques de développement, comme la Banque mondiale (BM) et la Banque européenne d’investissement (BEI). La BAD a également une fine connaissance du terrain qui lui permet d’être bien accueillie par ses clients et partenaires africains. Enfin, l’institution sait également réagir aux nouveaux défis de développement de l’Afrique en participant à des initiatives politiques importantes, que ce soit dans ses domaines de compétence historique, où la valeur ajoutée de la BAD est particulièrement élevée du fait de son expérience (eau, finances publiques), ou bien dans d’autres (agriculture, santé).

Ainsi, la BAD est-elle devenue l’institution financière publique de référence du continent, estimée de ses pairs, tels que la BEI, la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) allemande, l’Agence française de développement (AFD) ou la BM, avec qui elle cofinance de nombreux projets. Son image s’est aussi sensiblement améliorée dans les pays bénéficiaires, auprès desquels elle apparaît sans doute plus souple que d’autres institutions financières internationales, particulièrement lorsqu’il s’agit de financer des réformes de politiques publiques, structurelles ou sectorielles, permettant de redynamiser certains secteurs, ou de soutenir des budgets nationaux déficitaires, ce que la BAD peut faire de façon substantielle. Et celle-ci a noué avec l’Union européenne un partenariat approfondi prévoyant notamment l’usage de fonds budgétaires européens et des réflexions stratégiques, parmi d’autres initiatives thématiques.

Au plan opérationnel, le groupe approuvait en 2020 quelque 5,6 milliards de dollars de financements (lignes budgétaires, 48 % ; dons, 22 % ; prêts à projets, 14 % ; garanties, 8 % ; prises de participation au capital d’entreprises, 0,4 %) au bénéfice de nombreux secteurs (industrie, transport, agriculture, finance, énergie, secteurs transverses). On peut citer parmi les opérations récentes : un programme d’électricité et de croissance verte en Égypte, visant à développer des énergies renouvelables et à promouvoir l’efficacité énergétique ; un projet d’intégration du réseau de routes existantes autour du bassin du lac Tchad, favorisant le commerce interrégional ; ou encore, un programme de soutien au secteur de l’eau en Namibie, qui vise à améliorer l’accès à l’eau potable dans les zones rurales de ce pays austral, bordant l’Afrique du Sud.

BAD, FAD et FSN soutiennent assez également l’Afrique de l’Est (22 % des financements), l’Afrique de l’Ouest (21 %) ou l’Afrique australe (19 %). En Afrique du Nord, l’activité du groupe est un peu plus limitée (16 % des financements totaux) en raison du plus grand niveau de développement relatif de la zone, mais sans doute aussi des positions historiques de la BEI, qui a longtemps été très active dans la région avant de faire place nette à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à la suite du G8 de Deauville de 2011 organisé sous la présidence française (il s’agissait notamment de répondre à la crise des printemps arabes). En Afrique centrale, l’activité est réduite (11 % des financements). La part des projets transrégionaux, pourtant difficiles, sert néanmoins utilement l’objectif, ancien, de zone de libre-échange panafricaine. De plus en plus significative, cette part[...]

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Écrit par

  • : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris

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