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BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BAD)

Le nouvel élan donné par le président Adesina

Bien qu’il fût difficile de trouver un successeur à Donald Kaberuka, les États membres se sont finalement accordés, en 2015, sur la candidature de l’ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria, Akinwumi Adesina. Ce choix a certes renforcé l’influence de ce pays dans l’institution, qui en est le premier actionnaire, mais a surtout permis de donner une nouvelle impulsion à l’institution. Conformément à la stratégie 2013-2022, l’accent a été mis sur la croissance inclusive, c’est-à-dire le développement économique servant les groupes sociaux les moins favorisés et sur la transition écologique. Et les financements sont désormais regroupés dans cinq priorités politiques plus lisibles, baptisées « High Five » : fournir de l’énergie à l’Afrique, alimenter l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer les conditions de vie des Africains.

Sous la présidence Adesina, l’organisation interne de la banque a été revue dans un souci d’efficacité, d’économie et d’attractivité. Le réseau de bureaux locaux a été considérablement étendu (on en compte 42 en 2021) afin de mieux servir les petits pays. La prise de risques a été accrue, notamment dans l’appui au secteur privé. Les financements « climat » atteignent désormais près de 40 % du total ; la jeunesse et l’émancipation des femmes sont davantage prises en compte. L’action du Groupe BAD s’inscrit plus nettement dans le cadre de l’agenda des Nations unies pour le développement et dans celui de l’Union africaine, baptisé « Agenda 2063 », à laquelle il n’est toutefois pas officiellement subordonné. Le capital du groupe a été plus que doublé. Ce bilan a valu au président Adesina une reconduction à l’unanimité pour un deuxième mandat de cinq ans en 2020, malgré l’opposition initiale de l’administration américaine.

La tâche de l’institution qu’il dirige n’en demeure pas moins immense. La crise de la Covid, à laquelle la Banque a puissamment réagi avec une initiative idoine, a rappelé les fragilités intrinsèques du continent. Le déficit énergétique, l’insécurité alimentaire, la pauvreté et la sécurité y demeurent très problématiques. La faiblesse des taux d’industrialisation et d’intégration régionaux, les inégalités, les tendances d’endettement (public et privé), la faible inclusion financière, en particulier chez les jeunes, sont aussi des enjeux très préoccupants. Ce contexte invite donc au maintien d’une ambition élevée en matière de volumes et de modalités d’aide au développement, à des réformes politiques et économiques nationales plus ambitieuses que celles conduites jusqu’alors par les États africains et à une intégration plus marquée du continent dans les chaînes de valeur des pays avancés. Les institutions de l’UE l’ont très bien compris.

— Olivier MARTY

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Écrit par

  • : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris

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