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BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE (BCE)

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La Banque centrale européenne (BCE) est l’une des sept institutions de l’Union européenne, créée le 1er juillet 1998 en vertu du Traité sur l’Union européenne (TUE), dit de Maastricht, signé en 1992. La zone euro est instaurée en 1999 ; la BCE est chargée d’en déterminer la politique monétaire et de coordonner son action avec les banques centrales nationales (BCN) des pays de l’UE situés hors de l’union monétaire et ayant vocation à rejoindre cette dernière. Elle assure aussi une mission de surveillance prudentielle des établissements de crédit, contribuant ainsi à la stabilité du système financier dans l’Union européenne. D’inspiration allemande à l’origine, disposant d’un mandat relativement étroit, la BCE a su asseoir sa crédibilité durant ses premières années d’existence et progressivement diversifier sa palette d’instruments de politique monétaire. Au cours de la crise financière de 2007-2009, puis de la crise de la zone euro en 2009-2015, elle a fait évoluer son rôle et établi une autorité magistrale dans le cénacle européen. Au début des années 2020, dans un contexte de regain d’inflation dû à la reprise « post-Covid-19 » et à la guerre en Ukraine, elle a engagé une normalisation, à bien des égards bienvenue, de la politique monétaire.

Une banque centrale orthodoxe, modelée sur la Bundesbank allemande

Le traité de Maastricht, signé en 1992, prévoyait la création de l’Union économique et monétaire (UEM) en trois étapes. Les deux premières phases consistaient en la libéralisation de la circulation des capitaux (1990-1993), perçue comme nécessaire à la pleine réalisation du marché unique, lancé par l’Acte unique de 1986, puis la convergence macroéconomique des États membres participants (1994-1999), mesurée à l’aune d’une série de quatre critères, dits de Maastricht, en matière d’inflation, de finances publiques, de taux de change et de taux d’intérêt de long terme. La troisième phase, couvrant la période de 1999 à 2002, était consacrée à l’instauration de l’euro sur les marchés financiers (1999), puis comme monnaie fiduciaire tangible, disponible pour tous les agents économiques (2002). Initialement, la zone euro devait compter onze États membres (France, Allemagne, Autriche, Finlande, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Irlande, Portugal, Espagne, Italie) ; ils furent rejoints en 2001 par la Grèce, qui était à l’origine exclue du dispositif. La politique monétaire est l’une des rares compétences exclusives de l’Union européenne (UE).

Banque centrale européenne - crédits : muratart/ Shutterstock

Banque centrale européenne

Le modèle de la nouvelle Banque centrale, dirigée de 1998 à 2003 par Wim Duisenberg, ancien banquier central des Pays-Bas, est celui de la Bundesbank allemande. Cette référence reflète la relative réticence allemande à instaurer une monnaie unique dans un contexte d’économies divergentes et se traduit par une localisation de la Banque à Francfort, par la sacralisation de son indépendance, utile pour bien juguler l’inflation, et par la définition d’un mandat étroit. En vertu de ce dernier, défini à l’article 127 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), l’objectif « principal » de la BCE est en effet d’assurer la stabilité des prix, entendue comme une inflation « inférieure à, mais proche de, 2 % » à moyen terme. La BCE dispose cependant d’un objectif « secondaire » de « soutien aux politiques économiques générales de l’UE, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union ». La BCE n’a donc pas pour fonction première de réguler la croissance. En cela, elle diffère notamment de la Federal Reserve, la Banque centrale des États-Unis, qui poursuit un double objectif de stabilité des prix et de plein emploi.

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Écrit par

  • : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris

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Média

Banque centrale européenne - crédits : muratart/ Shutterstock

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