BANQUE Économie de la banque
L'évolution de l'activité bancaire
Le développement des marchés financiers a entraîné une diminution importante de l'intermédiation traditionnelle (dépôts et crédits) au profit de nouvelles activités. Par exemple, le marché monétaire a donné naissance à des produits dont la liquidité se rapproche de celle des dépôts bancaires et dont la rémunération est supérieure (Sicav monétaires en France et Money MarketMutualFunds aux États-Unis). De même, le développement des marchés financiers (en France, création du second marché en 1983, ouverture du marché monétaire aux entreprises en 1985, création du nouveau marché en 1996) a non seulement offert aux entreprises des moyens de financement plus diversifiés, mais aussi aux déposants des placements liquides qui concurrencent les crédits et les dépôts bancaires traditionnels. Ainsi, la part des crédits dans l'actif des banques réunies au sein de l'Association française des banques (rebaptisée Fédération bancaire française) est passée de 84 p. 100 en 1980 à 38 p. 100 en 2002 (Plihon et al., 2006). Sur cette même période, la part des dépôts dans le passif de ces mêmes banques AFB est passée de 73 p. 100 à 27 p. 100.
Le développement des activités de marché et hors-bilan
Les chiffres qui viennent d'être mentionnés n'augurent probablement pas d'une disparition future des banques, mais plutôt d'une modification profonde de leur activité. Les banques se financent de plus en plus en émettant des titres et financent de plus en plus l'économie en achetant des titres. Ce phénomène ne remet pas forcément en cause leur activité de transformation, car elles émettent beaucoup de titres de court terme (comme les certificats de dépôts) pour faire l'acquisition de titres de long terme (actions, obligations, etc.).
Parallèlement, les banques ont énormément développé leurs activités hors-bilan (placement de titres, lignes de crédit, garanties, contrats sur taux d'intérêt ou taux de change, swaps, options, etc.). Sous l'effet de la concurrence, elles réalisent désormais une part importante de leurs recettes dans des activités de services dont la rémunération se fait sous la forme de commissions et non plus sous la forme de marges d'intermédiation.
Les services de gestion des risques
Franklin Allen et Douglas Gale ont insisté sur la capacité des banques à fournir une assurance à leurs déposants contre les risques non diversifiables, c'est-à-dire les risques que les marchés financiers ne peuvent pas éliminer. À titre d'illustration, ils comparent les États-Unis et l'Allemagne durant le choc pétrolier du début des années 1970. Les épargnants américains, dont l'épargne était largement investie dans des titres financiers, ont subi une lourde perte puisque la valeur réelle des titres cotés au New York Stock Exchange a diminué de moitié. En revanche, les épargnants allemands, dont l'épargne était essentiellement placée auprès d'intermédiaires financiers comme les banques ou les compagnies d'assurance, n'ont pas subi de perte. Visiblement le système financier allemand, basé sur un système bancaire prédominant, a permis d'amortir le choc pétrolier. Dans les années 1980, la situation s'est renversée. Les épargnants américains ont bénéficié de la hausse de la bourse dans le contexte d'une conjoncture économique favorable. En revanche, l'épargne allemande gérée en plus grande proportion par des intermédiaires financiers n'a pas été aussi performante. Les intermédiaires financiers semblent donc avoir la capacité d'isoler les épargnants des chocs transitoires qui affectent l'ensemble des actifs financiers de l'économie. Comme les banques ont un horizon plus long que les marchés financiers, elles ont la possibilité de lisser les risques dans le temps.[...]
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Écrit par
- Emmanuelle GABILLON : professeur en sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu
- Jean-Charles ROCHET : professeur à l'université de Toulouse-I
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Médias
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