Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BANQUE EUROPÉENNE D'INVESTISSEMENT (BEI)

Une banque au service des politiques publiques européennes

Dès les années 1970, la BEI est systématiquement mobilisée dans la préparation des élargissements de la Communauté économique européenne (CEE), au Nord (1973, 1995), au Sud (1981, 1986) puis à l’Est (2004, 2007, 2013). Tant au cours des périodes dites de « préadhésion » qu’une fois les adhésions effectives, elle augmente ses volumes de financement et ses risques tout en rééquilibrant sa présence géographique. Ces actions remarquées la positionnent bien, autour du traité de Maastricht (1992), pour jouer un rôle d’appui déterminant au processus de convergence économique que l’avènement de l’union monétaire (1992-2002) rend nécessaire. Au cours de cette période, la BEI pallie en effet les contraintes budgétaires des États membres en soutenant des secteurs à plus forte valeur ajoutée (développement régional, transports, environnement, PME, etc.). Dans un autre registre, elle se signale aussi par un rôle majeur dans la constitution d’un marché de capitaux paneuropéen en émettant sur les marchés des obligations en devises convertibles à terme en euros (Eurotributaryissues).

Au milieu des années 1990, la BEI devient l’instrument financier idéal pour mettre en œuvre les orientations politiques du Conseil des ministres de l’Union européenne. Ce rapprochement avec les décideurs politiques, non envisagé jusqu’alors, est initié sous la présidence de sir Brian Unwin (1993-1999), seul président britannique que la Banque ait connu. Ainsi, en 1995, les États membres décident de renforcer le soutien de l’Union aux PME innovantes en faisant levier du nouveau Fonds européen d’investissement (FEI) dont la Banque reste encore aujourd’hui l’actionnaire de référence. En 2000, le Groupe BEI tout juste constitué vient en appui de la « stratégie de Lisbonne » axée sur l’économie de la connaissance (2000-2010) en s’orientant puissamment vers la recherche-développement et les PME. En 2004, la BEI conforte sa présence en Méditerranée et constitue la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP), qui appuie une augmentation et une diversification de ses soutiens financiers dans la région et met en œuvre des programmes d’assistance technique.

Le rapprochement avec les instances communautaires est scellé sous la présidence de l’ancien ministre des Finances belge, Philippe Maystadt (2000-2011). Grâce à ses entrées au sein du Conseil de l’UE, celui qui fut aussi un universitaire reconnu parvient à rehausser la stature institutionnelle de la Banque et à lui voir confier des volumes croissants de fonds communautaires dans la perspective de couvrir des financements plus risqués. Le développement d’une ingénierie financière prenant assise sur un plus grand nombre de produits sophistiqués de partage des risques permet à la Banque de gagner en autonomie et en crédit politique, tout en lui donnant les moyens de démultiplier sa catalyse usuelle des financements privés. La coopération du Groupe BEI avec la Commission européenne, qui accepte de se voir dépossédée de volumes croissants de fonds budgétaires jadis utilisés à des fins de subventions, se structure, et ses relations avec le Parlement européen, chargé de superviser la mise en œuvre des mandats politiques donnés à la BEI et au FEI, s’améliorent.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris

Classification