BANQUE EUROPÉENNE D'INVESTISSEMENT (BEI)
La banque européenne du climat
L’engagement massif du Groupe BEI en faveur de la protection du climat est une réorientation opérationnelle notable de l’institution, engagée par l’Allemand Werner Hoyer (2012-2023). La Banque a commencé par ne plus engager de financement dans le secteur des énergies fossiles. Puis, en 2019, son Conseil d’administration a approuvé une série d’objectifs ambitieux dans le domaine de la lutte contre le réchauffement et dans celui de la durabilité environnementale. Le Groupe s’est engagé à aligner l’ensemble de ses activités de financement sur les principes et objectifs de l’accord de Paris ainsi qu’à mobiliser 1 000 milliards d’euros d’investissements au cours de la décennie 2021-2030 dans le cadre du Pacte vert européen. Cette feuille de route érige désormais la BEI en véritable « banque européenne du climat », tant dans l’Union européenne que dans les pays en développement.
Enfin, compte tenu de la réussite technique et politique du plan Junckerdéployé au cours des années 2015-2020 en soutien à plus de 500 milliards d’euros d’investissements, le Groupe BEI constitue une pierre angulaire du programme européen InvestEU proposé par la Commission d’Ursula von der Leyen. À l’instar du précédent, ce dispositif a pour objet de couvrir, en utilisant une garantie du budget de l’UE de 26,2 milliards d’euros, des activités à risque de la BEI et du FEI, mais aussi, de façon bienvenue, celles d’autres banques publiques partenaires, dont la BERD, les françaises Banque publique d’investissement (BPI) et Caisse des dépôts et consignations (CDP), qui se sentaient quelque peu exclues auparavant. À cela s’ajoutent des facilités d’identification simplifiées de projets et une offre de conseil étoffée. Les secteurs visés sont, cette fois, au nombre de quatre : les infrastructures stratégiques ; la RDI et la numérisation ; les PME ; le social ; la formation et les compétences.
Certes, la Banque européenne d’investissement, à l’instar d’autres banques publiques multilatérales, demeure soumise à de lancinantes critiques. Les économistes jugent généralement que sa prise de risque est insuffisante et que ses financements ne sont pas assez « additionnels ». En d’autres termes, le Groupe BEI serait encore trop « conservateur » dans ses opérations et ne démontrerait pas assez sa valeur ajoutée par rapport aux banques d’investissement privées. Certains responsables politiques relaient d’ailleurs volontiers ces arguments, tout en se plaignant d’un manque de coopération entre les bailleurs de fonds, sans doute trop nombreux en Europe. Il est néanmoins permis de relativiser ces observations en convoquant deux arguments clés : d’une part, l’institution financière de l’Union européenne finance des projets de plus en plus risqués, plus petits, et toujours plus innovants ; d’autre part, de cette façon et avec le concours de ses partenaires publics et privés, elle accompagne un véritable changement de paradigme dans les modalités de financement de l’économie européenne.
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
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