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BANQUE Histoire de l'institution bancaire

Les opérations bancaires

Les opérations bancaires sont apparues remarquablement tôt, en liaison étroite avec le développement des villes et du commerce. Des dépôts et tenues de comptes sont repérables trois millénaires avant notre ère, dans les cités mésopotamiennes. On les retrouve dans d'autres civilisations, des royaumes d'Égypte aux mondes indiens et chinois. Ces activités ont pu justifier, notamment dans les grands centres urbains, l'émergence d'un véritable métier bancaire, associé à des pratiques spécifiques comme la tenue de comptes créditeurs ou débiteurs pour tiers, le tirage ou l'encaissement d'effets de commerce, les virements entre parties et des opérations de change ou financières plus ou moins complexes. Trois traits saillants, qui ont parfois servi chacun à définir « toute » la banque, peuvent servir de points de repère : la conservation de valeurs pour le compte d'autrui ou dépôt ; le change monétaire ; le transfert de valeurs dans le temps ou l'espace.

Dépôt de valeurs

La concentration et la conservation des dépôts ont souvent été associées au principe non seulement de la banque de dépôts, mais de la banque en général et donc utilisés pour identifier dans le passé l'activité de banque. Mais cette perspective semble en partie issue de nos conceptions actuelles de la banque et de notre expérience quotidienne.

Or le rôle de dépositaire peut être exercé sous des formes extrêmement variées : il n'y a pas grand-chose de commun entre le dépôt de grain inscrit au crédit du compte d'un déposant par les scribes d'un temple égyptien ou mésopotamien, le compte de dépôt de métaux précieux inscrit auprès d'un orfèvre londonien du xviie siècle et le compte de dépôt de nos banques actuelles libellé en monnaie scripturale. Certes, une similarité apparaît, qui se trouve dans la concentration des valeurs en un lieu, laquelle permet le contrôle, la sécurité ou le transfert entre comptes. En revanche, elle omet les profondes différences entre les formes de dépôts.

La nature du dépôt semble un critère plus pertinent. Le dépôt régulier vise une chose identifiée qui est celle-là même remise par le déposant ; le dépositaire ne peut donc y substituer une autre chose, même de valeur équivalente. C'est pourquoi le dépôt régulier, même s'il a joué un rôle important dans l'essor de la banque, notamment en Europe avec le développement des Monts-de-Piété à l'instigation des ordres mendiants au xiie siècle, ne peut être considéré comme une activité bancaire à lui seul. Il ne le devient que s'il est l'accessoire d'une autre activité : le prêt. Le dépôt irrégulier, en revanche, présente d'emblée un caractère financier très net, puisque le dépositaire ne s'engage que pour un équivalent du dépôt, qu'il s'agisse de valeurs monétaires, de titres financiers ou encore de marchandises fongibles (commodités), lesquels peuvent être représentés par une écriture et faire l'objet, par écriture, de transferts ou de compensations. Or cette forme de dépôt peut mener aussi bien à la banque qu'au marché, comme en témoigne la naissance du marché à terme des céréales de Chicago au xixe siècle.

Enfin, un aspect parfois négligé de la banque de dépôt réside dans le fait que le coût de cette conservation est toujours à la charge du déposant, même si les formes que prend cette charge peuvent aller du prélèvement quasi fiscal à une commission sur le rendement financier desdits dépôts, parfois invisible au déposant, en particulier lorsque les dépôts ne sont pas rémunérés. La distinction entre dépôts rémunérés et non rémunérés apparaît ainsi peu opératoire, car ce qui compte ce sont les mécanismes par lesquels le dépositaire se rémunère. La fonction de dépositaire paraît donc peu susceptible de fonder à[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire, Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, directeur adjoint du laboratoire Institutions et dynamiques historiques de l'économie (I.D.H.E.)

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