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BANQUE MONDIALE

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Le Groupe de la Banque mondiale (GBM) est la plus connue et la plus grande institution multilatérale de financement des pays en développement. Cette banque joue un rôle de catalyseur de financements publics ou privés dédiés aux projets d’utilité collective. Créée pour apporter une aide financière à long terme aux pays pauvres et à ceux qui ont subi de lourds dommages pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a progressivement orienté sa mission vers la réduction de la pauvreté dans le monde. Elle est passée d'un discours centré sur le développement économique et les grands équilibres à une mission de « développement humain » respectueux du climat dans le cadre des orientations pour le développement fixées par les Nations unies.

La Banque mondiale a été instituée à Bretton Woods (New Hampshire, États-Unis) en juillet 1944, à l'instar de son institution sœur, le Fonds monétaire international (FMI). Comme ce dernier, elle s’est efforcée de légitimer son action sur le plan international pour répondre aux nombreuses critiques des opinions publiques, de certains économistes et de gouvernements des pays du Nord et du Sud.

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Ses moyens financiers, son modèle opérationnel et ses partenariats évoluent classiquement au gré des crises et des besoins spécifiques de sa clientèle. Depuis les années 2010, et singulièrement depuis la crise financière et celle de la Covid-19, elle a été mise au défi de devenir plus agile, mieux coordonnée avec d’autres bailleurs, et plus mobilisatrice de financements privés.

Une institution financière chargée du développement des pays pauvres

Le GBM est formellement composé de cinq institutions distinctes, créées à des périodes différentes, et qui entretiennent entre elles des liens étroits et complémentaires :

– La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) est la plus ancienne et la principale. Elle a été fondée le 1er juillet 1944 par les accords de Bretton Woods pour fournir une assistance financière de long terme et une aide au développement aux pays à revenu intermédiaire et aux pays pauvres solvables. Dans ses premières années d’existence, son action s’est principalement portée sur la reconstruction des économies des pays dévastés par la guerre, comme le prévoyaient ses statuts. C’est ainsi que le premier prêt de la nouvelle « Banque mondiale », en 1947, a bénéficié à la France, tôt suivie par d’autres pays européens. La BIRD octroie principalement des prêts et des garanties.

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–  L'Association internationale de développement (AID) est créée en 1960 pour répondre aux besoins des pays les plus pauvres peu ou pas du tout solvables tandis que ceux des pays ruinés par la guerre se faisaient moins nombreux. La montée en puissance du plan Marshall, à partir de 1947, explique cette réorientation. L’AID accorde ainsi aux pays les plus pauvres et n'ayant aucun accès aux marchés des capitaux des prêts à des conditions dites « concessionnelles », c’est-à-dire partiellement bonifiées. Il s'agit de financements à taux nul ou quasi nul sur une longue durée (de trente-cinq à quarante ans). L’AID octroie également des dons complémentaires à ces prêts, généralement pour financer des capacités d’assistance technique.

–  La Société financière internationale (SFI) est fondée en 1956 pour promouvoir la croissance des pays dits alors « en voie de développement » en aidant à la constitution du secteur privé et en s'appuyant sur lui. À cette époque, le tissu d’entreprises privées dans les pays clients était en effet peu dense et légitimait une action publique susceptible de l’organiser et de le fortifier. La mise en place de la SFI s’explique de la même façon que celle de l’AID : elle marque un souci de répondre aux besoins grandissants des pays pauvres. Depuis sa création, et plus encore aujourd’hui, la Banque mondiale accorde au secteur privé une attention particulière en aménageant des cadres favorables à ses financements, en octroyant elle-même des financements en capital aux petites et moyennes entreprises (PME) et à la microfinance, en encourageant le commerce ou en ayant recours à des « partenariats public-privé ». Le premier prêt de la SFI a bénéficié au Brésil pour financer la production d’équipements électriques.

– Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) est créé en 1966 pour régler les litiges entre investisseurs étrangers et États d'accueil par voie de conciliation et d'arbitrage. Ses premières opérations sont faites dans des pays alliés des États-Unis : en Iran, où elle s’immisce dans le dossier de la nationalisation de l’industrie pétrolière ; en Inde, où elle agit pour le développement du réseau hydrographique du fleuve Indus ; en Égypte, où elle est partie dans le financement du barrage d’Assouan. Désormais, son action se déploie en coopération avec d’autres mécanismes d’arbitrage internationaux.

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– L'Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI) encourage, depuis sa création, en 1988, l'investissement étranger dans les pays désormais appelés « en développement » en garantissant aux investisseurs et aux prêteurs des assurances contre les risques politiques (c’est-à-dire non commerciaux) et des instruments de rehaussement de crédit. L’AMGI a été mise sur pied dans un contexte où le GBM devait porter assistance à un nombre croissant d’économies fragiles prises dans des crises de dettes et à des économies dites « en transition », notamment en Europe centrale et orientale à la suite de la chute de l’URSS.

Pour résumer, l'expression « Banque mondiale » désigne le plus communément les entités BIRD et AID, qui fournissent des financements, des conseils stratégiques et une assistance technique aux pouvoirs publics des pays en développement. Elle reste la plus usitée, notamment au plan comptable. Cependant, elle est aussi souvent employée pour faire référence au GBM dans son ensemble. Toutes ses composantes agissent en cohérence et complémentarité entre elles et dans le cadre de nombreux partenariats, durables ou plus ponctuels, avec d’autres banques multilatérales de développement (BMD) – telles que la Banque interaméricaine de développement, la Banque européenne d’investissement (BEI) ou la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) –, mais aussi avec le secteur privé, ou les organisations non gouvernementales (ONG).

Dans la pratique, la BIRD et la SFI lèvent de l’argent sur les marchés de capitaux internationaux, où elles se placent parmi les premiers emprunteurs au monde, surtout dans la catégorie des emprunteurs multilatéraux. L’AID se finance avec les contributions ad hoc de pays riches ainsi qu’avec des transferts financiers de la BIRD. Les trois institutions bénéficient également d’une myriade extrêmement complexe de centaines de fonds fiduciaires, en propre ou avec d’autres institutions, et abondés par les pays membres en fonction de priorités dédiées. L’AMGI fournit des garanties sur la base de son capital et de ses bénéfices. Les capitaux propres versés à la BIRD et à la SFI déterminent les droits de vote de leurs membres et assurent aux deux institutions d’excellentes notations financières qui leur permettent de se procurer des ressources à faible coût. Ces capitaux propres sont composés de parts versées, minoritaires, et de parts appelables qui permettent d’augmenter les volumes d’emprunts sur les marchés ou de faire face aux pertes de prêts non remboursés.

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À titre indicatif, pour l’année comptable 2023, l’ensemble du Groupe est engagé à hauteur de 128,3 milliards de dollars en prêts, dons, prises de participation en capital et garanties octroyés aux pays membres et au secteur privé, un volume en augmentation, notamment depuis la crise financière de 2007-2008. Les régions bénéficiaires sont d’abord l’Afrique subsaharienne (38,6 milliards), l’Europe et l’Asie centrale (36,2 milliards), puis l’Amérique latine et les Caraïbes (18,2 milliards). Viennent ensuite l’Asie du Sud (15,4 milliards), l’Asie de l’Est (13 milliards) et la zone de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (6,8 milliards). Ces financements ont été majoritairement fournis par la BIRD (38,5 milliards), l’AID (34,2 milliards), la SFI (27 milliards). L’AMGI dispense des financements plus modestes (6,4 milliards). Les priorités de la BIRD et de l’AID sont le climat, le capital humain et la sécurité alimentaire ; les secteurs qu’elles financent sont très variables : agriculture, éducation, énergie, industrie, commerce ou encore eau et assainissement.

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Écrit par

  • : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris

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Média

Banque mondiale - crédits : Bob Korn/ Shutterstock.com

Banque mondiale

Autres références

  • FMI (Fonds monétaire international)

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  • GEORGIEVA KRISTALINA (1953- )

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    Kristalina Georgieva est une économiste et haute fonctionnaire bulgare. Après avoir été vice-présidente de la Commission européenne sous le mandat du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (2014-2019), puis directrice générale de la Banque mondiale de janvier 2017 à octobre 2019, elle est depuis...

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