BANQUE MONDIALE
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À la recherche d’un nouveau souffle
Sous la présidence de Jim Yong Kim (2012-2019), la Banque remet officiellement l’accent sur l’éradication de l’extrême pauvreté à l’horizon 2030 et sur l’augmentation des revenus des 40 % les plus pauvres de la planète. Cette politique se traduit par une recapitalisation du fonds fiduciaire dédié aux personnes les plus vulnérables et par le développement d’instruments financiers innovants permettant de répondre aux besoins d’infrastructures, de combattre les épidémies comme Ebola ou de réagir aux situations de conflit. L’action de la Banque se structure aussi dans les Objectifs de développement durable (ODD), très concrets, des Nations unies, actés en 2015. Cependant, la diminution des ressources d’aide au développement de la part des États riches, conséquence de la crise de 2007-2008, ne lui permet pas de faire face aux besoins grandissants des pays vulnérables, aux ruptures du commerce international, à la volatilité des flux de capitaux, et aux crises de dette. Dans le même temps, l’immixtion grandissante du FMI dans les domaines d’action traditionnels des banques de développement rend la coopération entre le GBM et le Fonds plus difficile.
Le bref mandat de David Malpass (2019-2023), initié à la suite de la démission de Yong Kim, parti rejoindre un fonds d’investissement d’infrastructures, est marqué par une réponse forte à la crise de la Covid-19 et par une montée en puissance sur les projets « climat » qui, en 2023, représentaient 40 % des financements de la BIRD et de l’AID. Tous les nouveaux financements sont d’ailleurs alignés sur l’Accord de Paris sur le climat. Cependant, la confluence des crises (changement climatique, inflation, conflits, insécurité alimentaire, catastrophes naturelles et crises de dette, en particulier en Afrique) met le Groupe Banque mondiale au défi d’une nouvelle revitalisation. C’est la lourde tâche confiée au président d’origine indienne Ajay Banga, nommé en 2023. Cet ancien dirigeant de Mastercard, très connecté à divers milieux d’affaires et de recherche américains, redéfinit la vision de la Banque comme étant à la fois soucieuse de la pauvreté, de la cohésion et du développement durable. Mais il reste au défi de rendre le modèle opérationnel de la Banque beaucoup plus souple, lisible et rapide dans ses procédures, tout en accroissant fortement les financements disponibles et effectivement mobilisés. Cela passe par une augmentation substantielle de la prise de risque dans les opérations courantes et par le développement d’instruments financiers susceptibles de mobiliser plus massivement le secteur privé. La Banque doit également veiller à établir des partenariats efficaces avec les autres banques multilatérales avec lesquelles elle coopère, ainsi qu’avec les agences des Nations unies et la société civile, dans le souci d’une complémentarité concrète de leurs financements et de leurs programmes de développement.
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
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