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BAPTÊME

L'usage rituel de l'eau sous la forme de l'ablution, de l'immersion, de l'effusion est commun à la plupart des religions. Il se rattache au symbolisme naturel de l'eau, qui exprime à la fois désintégration et régénération. « L'ablution d'eau précédait les principaux actes religieux, préparant ainsi l'insertion de l'homme dans l'économie du sacré » (M. Eliade). Aussi la trouve-t-on pratiquée par les prêtres avant qu'ils n'entrent dans les temples. Elle jouait un rôle dans l'initiation aux mystères d'Isis et de Mithra, comme le remarque Tertullien (Sur le baptême, V, 1). Le bain dans le fleuve sacré, le Gange ou le Nil, exprime le renouvellement dans les forces sacrales. L'ablution purifie du crime, délivre des influences démoniaques. Tertullien relève aussi l'usage de baptiser les idoles, en vue de les consacrer. On asperge d'eaux lustrales les maisons, les villes, les sanctuaires. Tous ces rites sont l'expression d'un sens du sacré inhérent à la nature humaine et non de structures culturelles liées à une mentalité périmée. Ils présentent des caractères communs dans toutes les religions païennes, tout en se diversifiant d'après les caractères propres de chacune de ces religions. Toutefois ce n'est pas dans ces rites qu'il faut chercher les origines du baptême chrétien. Le christianisme est né dans un milieu juif et ne s'est étendu que plus tard dans le monde païen, grec et latin. C'est donc aux rites d'eau du judaïsme contemporain du Christ que nous devons nous référer.

Baptêmes juifs

Saint Louis - crédits : AKG-images

Saint Louis

La religion juive comportait des rites d'ablutions, qui sont consignés dans le Lévitique. Ainsi, pour l'ordination des prêtres (Lév., viii, 1), pour la consécration de l'autel : « Moïse fit sept aspersions sur l'autel et oignit, pour les consacrer, l'huile et les ustensiles » (Lév., viii, 11). Très importantes étaient les ablutions destinées à purifier ce qui était rituellement devenu impur. Ainsi en était-il pour celui qui avait touché un cadavre, pour tout ce qui concernait la vie sexuelle : « Quand une femme aura couché maritalement avec un homme, ils devront tous les deux se laver à l'eau et ils seront impurs jusqu'au soir » (Lév., xv, 18). Le lépreux était tenu à de sévères purifications rituelles. Ces ablutions rituelles étaient particulièrement soulignées au temps du Christ et poussées à un degré de minutie extrême. C'était en particulier le cas chez les Esséniens. Un bain de purification précédait pour eux chaque repas. On a retrouvé à Qumrān les piscines qui servaient à ces ablutions quotidiennes. Le Christ est accusé par les Pharisiens de ne pas tenir compte de ces obligations (Matth., xv, 2). Les judéo-chrétiens conserveront l'usage de ces purifications, comme on le voit en particulier dans les écrits pseudo-clémentins.

Toutefois, le baptême chrétien apparaît comme radicalement différent de ces rites d'ablutions. Il n'était donné qu'une fois, comme rite d'initiation à la communauté. Il faut donc chercher si, dans le milieu juif, on trouve des analogies meilleures. L'initiation à la communauté essénienne impliquait un bain rituel. Mais ce n'était que la première participation aux bains quotidiens de la communauté et cette analogie doit être écartée. Plus sérieuse est la question du baptême des prosélytes. Tout païen converti à la religion juive devait prendre un bain, avant de recevoir la circoncision, pour faire disparaître son état d'impureté rituelle. Mais il n'est pas certain que l'usage existait au temps du Christ. Plus importante est l'existence d'un bain dans le Jourdain, que l'on trouve dans les communautés baptistes de cette région au temps des origines chrétiennes. Ce baptême a persisté chez les mandéens. Il est[...]

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