OBAMA BARACK HUSSEIN (1961- )
De Chicago à Washington
À trente-cinq ans, Barack Obama veut s'engager dans la vie publique. L'occasion se présente en 1996 lorsqu'il obtient un siège au Sénat de l'Illinois, dans la treizième circonscription du South Side de Chicago. Sans aucune expérience, progressiste dans une assemblée à majorité conservatrice, Obama se fait remarquer par son sens du compromis. Nommé président de la Commission de la santé publique et des services sociaux en 2003, il fait passer vingt-six projets de lois dès la première année : extension de la couverture médicale aux plus démunis, obligation pour les compagnies d'assurances de rembourser les mammographies, création d'un programme pour l'éducation des enfants en bas âge, etc. Pour devenir un homme politique au niveau national, Obama doit s'insérer dans les réseaux d'influence à Washington. Lors d'une collecte de fonds pour les primaires démocrates en 2004, il rencontre John Kerry, qui lui demande d'intervenir durant la Convention démocrate de Boston. Le 27 juillet 2004, il prononce donc le discours-programme (keynote speech), qui enflamme les délégués d'un parti en mal d'orateurs. La large couverture offerte par les médias nationaux lui ouvre la voie de la célébrité. Mais pour réussir en politique, il faut aussi être capable de surmonter ses échecs. En 2000, le jeune sénateur d'État, qui avait tenté de se faire désigner lors des primaires démocrates pour être candidat à la Chambre des représentants des États-Unis, a été balayé avec seulement 30 % des voix face au titulaire démocrate sortant. Pourtant, en janvier 2003, lorsque le sénateur Peter Fitzgerald annonce qu'il prend sa retraite, Obama se lance dans la course. Le 2 novembre 2004, contre toute attente, il gagne avec plus de 70 % des voix face à son adversaire républicain et devient le seul homme de couleur à siéger au Sénat.
Lorsque Obama prend ses fonctions, il a dans l'idée de briguer le poste de gouverneur de l'Illinois en 2010. Mais face à l'engouement qu'il suscite, il réalise qu'il peut viser plus haut. Il lance donc sa candidature à l'investiture démocrate le 10 février 2007 avec ces mots : « Chaque fois, une nouvelle génération s'est levée et a accompli ce qui s'avérait nécessaire. Aujourd'hui nous devons nous soulever de nouveau et il est temps que notre génération réponde à cet appel. Car ceci est notre foi inébranlable : face à l'impossible, le peuple qui aime son pays peut le changer. »
Ayant accepté l'investiture du Parti démocrate le 28 août 2008 au terme d'une élection primaire longuement disputée avec Hillary Clinton, Obama poursuit une campagne novatrice contre le républicain John McCain. Internet est l'instrument d'une levée de fonds considérable : sa cyber-campagne permet de récolter 6 millions d'adresses électroniques et 750 millions de dollars, soit trois fois plus que son adversaire. Son équipe, dirigée par David Axelrod, conçoit une campagne dynamique qui ne prend pas pour acquis les équilibres politiques traditionnels mais tente de convaincre de nouveaux électeurs. Le 4 novembre 2008, le taux de participation a ainsi atteint 61,6 %, un record depuis 1960. Une fraction du Parti républicain a voté pour Obama – les « Obamacans » –, suivant l'exemple de l'ancien secrétaire d'État Colin Powell ou de Suzanne Eisenhower, la petite-fille de l'ancien président. Neuf États traditionnellement « rouges » ont basculé du côté démocrate, dont certains États du Sud (la Caroline du Nord, la Floride et la Virginie). Même si les institutions s'étaient ouvertes à la diversité, jamais un candidat issu d'une minorité nationale n'était parvenu à convaincre qu'il pouvait occuper la fonction suprême. En cela, l'élection d'Obama est une rupture dans l'histoire du pays. Premier président[...]
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Écrit par
- François DURPAIRE : professeur agrégé d'histoire
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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