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STANWYCK BARBARA (1907-1990)

N'ayant jamais appartenu à un studio, Barbara Stanwyck (de son vrai nom Ruby Stevens) – en dépit ou à cause de la diversité de son registre d'actrice – est moins reconnue aujourd'hui que Bette Davis ou Joan Crawford, stars de la même envergure. Aussi à l'aise dans la comédie que dans le mélodrame, voire les westerns ou le film noir, elle a imposé un jeu instinctif et très technique à la fois, et s'est forgé une réputation d'actrice très coopérative et très professionnelle, plutôt insolite dans les studios ! Barbara Stanwyck débute comme « chorus girl » à Broadway dans les revues de Ziegfeld (Ziegfeld Follies) et tourne en 1927 son premier film, Broadway Nights. Elle va vite devenir une des actrices les plus prisées des années 1930 et sera dirigée par des réalisateurs tel Frank Capra dans Ladies of Leisure, Miracle Woman et Bitter Tea of General Yen. Elle incarne des héroïnes nationales comme Annie Oakley dans La Gloire du cirque, des femmes indépendantes et « fonceuses » (Gambling Lady, A Lost Lady) et surtout des héroïnes de mélodrame dans So Big de W. A. Wellman et Stella Dallas de King Vidor, qui remporte un grand succès public (un remake sera tourné avec Bette Midler). Refusant d'être cataloguée, elle se lance également dans la comédie et interprète Miss Manton est folle, et Un cœur pris au piège de Preston Sturges, au côté d'Henry Fonda. À l'instar de Jean Arthur ou de Claudette Colbert, elle dessine un personnage élégant, cynique parfois mais toujours ironique. Elle sait aussi exploiter parfaitement l'aspect sensuel de sa voix, et participe à de nombreux shows de radio. Elle tourne souvent avec les mêmes partenaires, comme Gary Cooper dans L'Homme de la rue de Frank Capra et Boule de feu où, dirigée par Howard Hawks, elle incarne l'ineffable Sugarpuss, strip-teaseuse égarée dans une société de vénérables professeurs. En 1944, Billy Wilder l'imagine en vamp blonde dans Assurance sur la mort, archétype du film noir auquel collaborèrent James Caïn et Raymond Chandler. Avec très peu de moyens, une inflexion de voix, un sourire moqueur, un bracelet fétiche autour de la cheville, Barbara Stanwyck irradie une énergie peu commune au service de la destruction qu'elle met en œuvre. Elle devient l'actrice la mieux payée de Hollywood et enchaîne film sur film sans retrouver pourtant de rôle aussi « écrit », à l'exception de Raccrochez, c'est une erreur, de A. Litvak, qui lui vaut une nomination à l'oscar. Dans les années 1950, Barbara Stanwyck sera dirigée par Fritz Lang dans Le démon s'éveille la nuit, par Douglas Sirk et Robert Wise (La Tour des ambitieux). Elle se fait une spécialité des héroïnes de western, femmes pleines de décision et souvent difficiles à contrer. Ce sont essentiellement des séries B. des studios R.K.O. : La Reine du Montana, où elle joue au côté de Ronald Reagan, The Maverick Queen et 40 Tueurs de Samuel Fuller. Dans les années 1960, elle tourne peu pour le cinéma. Citons La Rue chaude, où on la voit diriger une « maison » à La Nouvelle-Orléans, un film avec Elvis Presley et un film d'horreur avec Robert Taylor, dont elle fut l'épouse durant de longues années. Elle connaît une nouvelle gloire à la télévision avec le B. Stanwyck Show et le feuilleton La Grande Vallée. Elle participe également à de nombreux épisodes de Dynasty avec toujours beaucoup d'autorité. Souvent sélectionnée pour l'oscar de la meilleure interprète, elle ne remporta pas la célèbre statuette, mais la profession célébra à l'American Film Institute son talent original, la rigueur de son jeu et son exemplaire discrétion, toutes qualités qui résument sa contribution à l'histoire du cinéma américain.

— André-Charles COHEN

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