BARBARESQUES
Mot formé à partir du terme géographique Barbarie (pays des Berbères) et qui semble être apparu dans le courant du xvie siècle pour désigner plus particulièrement, avec une implicite nuance péjorative, les pays d'Afrique du Nord placés sous la suzeraineté ottomane (provinces d'Algérie, de Tunisie et de Tripolitaine), d'où leur nom de « régences barbaresques ». L'acception européenne du mot a fait de ces régences des « États » maritimes en assimilant l'ensemble du pays aux ports, bases et refuges des corsaires « barbaresques », et l'ensemble de la population à ces corsaires avec lesquels navigateurs et commerçants européens ont été souvent aux prises en Méditerranée occidentale. Le terme de barbaresque a ainsi qualifié un musulman, donc un « infidèle » et, pis encore, parfois un renégat, individu ayant abandonné la religion chrétienne pour l'islam en vue de vivre du pillage maritime ; enfin, toujours dans la conception européenne classique, les provinces barbaresques représentent l'exemple même de pays soumis à des gouvernants despotiques, cruels, eux-mêmes plus ou moins rapidement éliminés par la destitution ou la mort, donc de pays où l'anarchie est érigée en système de gouvernement.
Ces vues simplistes ont prédominé pendant trois siècles et ont contribué à donner de l'Afrique du Nord une image péjorative qui, dans l'esprit des Européens, n'a pu être corrigée qu'avec la conquête française. Cependant, le terme « barbaresque » recouvre des faits ethniques, sociaux et économiques propres à la bordure maritime de l'Algérie, de la Tunisie et de la Tripolitaine, de la fin du Moyen Âge au début du xixe siècle.
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Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
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