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BARDANE

Médicinale très ancienne, bien connue des médecins et des agronomes latins dans les indications majeures qu'elle a conservées jusqu'à nous. Au ier siècle, Columelle relate l'usage de la bardane contre les morsures de serpents, Dioscoride l'indique dans le traitement des ulcères. Les auteurs de la Renaissance et du xviie siècle la vantent aussi bien comme diurétique (Pierre de Forest, Pena et de Lobel) que comme dépurative dans les maladies cutanées (Simon Pauli, Baglivi) ou comme sudorifique dans la pleurésie, hémostatique dans les crachements de sang de la phtisie (Césalpin, Schroeder). C'est toutefois pour ses emplois externes que la bardane, « herbe aux teigneux » de la pratique populaire, mérite de retrouver la confiance que lui accordaient jadis paysans et médecins renommés.

Dépurative et sudorifique de valeur, la bardane (Arctium minus L. ; composées), dont on emploie surtout la racine fraîche (des plantes n'ayant pas fleuri), est le remède indigène classique des maladies cutanées : furoncles, eczéma, acné, séborrhée de la face, sycosis, impétigo (en association avec le traitement externe décrit plus bas). Elle serait aussi un adjuvant efficace dans les maladies fébriles, particulièrement dans la pleurésie. À sa fonction épuratrice s'associe un réel pouvoir antiseptique : ses tissus renferment une substance antibiotique. On a vanté, autrefois, l'efficacité de cette plante, effectivement diurétique, dans l'arthrite, la goutte, la lithiase urinaire. La bardane s'administre « à l'intérieur » en décoction : 60 grammes de racine fraîche, bien lavée et coupée en morceaux, pour 1 litre d'eau ; après cuisson à feu doux jusqu'à réduction de moitié, on passe sur un linge. Boire en deux ou trois fois dans la journée, sucrer si nécessaire. La décoction des feuilles, cholagogue, s'emploie utilement dans les coliques hépatiques.

En usage externe, la bardane est indiquée dans les affections cutanées à staphylocoques, en complément de l'usage interne susdit. Sur les furoncles, la simple application en compresses de pulpe de racine fraîche (racine bien lavée, ébouillantée et broyée) suffit généralement à calmer la douleur, favorise la sortie du bourbillon et enraye l'infection. La décoction concentrée sert plutôt, en lotions ou en compresses, au traitement des autres affections cutanées citées plus haut. Elle hâte la cicatrisation des ulcères variqueux. Les feuilles fraîches, bien lavées, un peu froissées et appliquées sur leur revers, soulagent et peuvent dissiper au bout d'un certain temps les gonflements articulaires de l'arthrite.

L'emploi millénaire de la pulpe de racine de bardane sur les morsures de vipères ne tient pas du mythe : la plante exerce, croit-on, une action oxydante sur le venin. De même peut-elle calmer les piqûres d'insectes et résorber l'œdème qui les suit souvent.

— Pierre LIEUTAGHI

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