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COMMONER BARRY (1917-2012)

Biologiste américain, précurseur de l'écologie politique.

Barry Commoner - crédits : Bettmann/ Getty Images

Barry Commoner

Né à Brooklyn (New York) le 28 mai 1917, Barry Commoner fait des études à l'université Columbia puis à celle de Harvard où il obtient en 1941 son doctorat (PhD) de biologie cellulaire. Après la Seconde Guerre mondiale, il devient en 1947 professeur de physiologie végétale à l'université Washington de Saint-Louis (Missouri), poste qu'il occupera pendant trente-quatre ans. En 1966, il fonde le Centre d'études biologiques des systèmes naturels, dont il est directeur, tout en s'engageant au sein du Comité pour l'information sur l'environnement de Saint-Louis.

Ses travaux fondamentaux – qui portent sur la concentration des éléments chimiques (radioactifs ou non) le long des chaînes trophiques ainsi que sur le cycle des éléments biogéochimiques – le conduisent très tôt à des études de terrain concernant la santé humaine : empoisonnement par le plomb dans les bidonvilles, pollution des eaux douces par les engrais, effets des radiations sur les tissus vivants et en particulier du strontium 90 radioactif dans les dents de lait des enfants. Dès lors, les travaux scientifiques et les engagements humanistes de Barry Commoner structurent sa ligne de vie. Il est non seulement un scientifique reconnu, mais un militant des grandes causes environnementales aux États-Unis. Ainsi, il s'implique totalement dans la lutte contre les essais d'armes nucléaires dans l'atmosphère, dont il analyse les effets en termes de santé publique. En février 1958, il lance, avec Linus Pauling, lui aussi très opposé aux armes nucléaires, une pétition qui, dès la fin du mois de juin, recueille déjà 2 000 signatures aux États-Unis, puis en juillet 11 038 en provenance de quarante-neuf pays.

Commoner a livré ses réflexions dans plusieurs ouvrages. Deux sont essentiels : L'Encerclement : problèmes de survie en milieu terrestre et La Pauvreté du pouvoir : l'énergie et la crise économique. Le premier développe une analyse bien informée des cycles biogéochimiques (de l'azote, du soufre, de l'oxygène, du carbone...), dont l'évolution a accompagné celle de la vie sur Terre. Commoner y énonce les « quatre lois de l'écologie » ainsi résumées : toutes les parties du complexe de la vie sont interdépendantes ; la matière circule et se retrouve toujours en quelque lieu ; la nature en sait toujours plus ; il n'y a pas, dans la nature, de « don gratuit ». Suivent quatre chapitres concernant le feu nucléaire, l'air de Los Angeles, le sol de l'Illinois et les eaux du lac Érié, ces quatre problématiques s’inscrivant dans une plus ample réflexion sur le rôle de l'humanité dans l'écosphère, et qui porte notamment sur l'importance relative des impacts de la population (P), de la technique (T) et de la production (A) sur l'environnement (I), impacts résumés dans l'équation I = P × A × T. S’ensuit un débat fondamental entre Paul Ehrlich, John Holdren et Barry Commoner lui-même dans le Bulletin of the Atomic Scientists en mai 1972. Tandis que Ehrlich et Holdren attribuent dans cette équation un rôle décisif à la démographie, Commoner insiste sur celui d'une technique non contrôlée. Sa conclusion est claire : les êtres humains ont rompu le cycle de la vie par une organisation sociale conçue en vue d'une « conquête » de la nature et dont les exigences sont incompatibles avec les règles de l'écologie. Pour survivre, il faudra refermer le cercle, œuvre de dimension historique, « car les mutations sociales d'une telle importance ne sont concevables que par la mise en œuvre d'une action sociale collective, rationnelle, et parfaitement informée ». En 1980, Commoner se présente à la présidentielle sous l'égide du Parti des citoyens. C'est un échec ; il recueille seulement 0,27 p. 100 des voix.[...]

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Écrit par

  • : historien des sciences, professeur émérite de l'université d'Orléans

Classification

Média

Barry Commoner - crédits : Bettmann/ Getty Images

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