Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ENFANTIN BARTHÉLEMY PROSPER (1796-1864)

Fils d'un banquier parisien, Enfantin, après des études à l'École polytechnique dont il démissionne en 1815, devient négociant en vins, puis, ayant voyagé en Allemagne et aux Pays-Bas, banquier à Saint-Pétersbourg. Ayant été présenté à Saint-Simon, il en devient l'un des plus ardents disciples. Il participe à la fondation des journaux Le Producteur (1825) et Le Globe (1830), et y développe les idées économiques de Saint-Simon. Il publie à la même époque Économie politique et politique saint-simonienne (1831). Nommé en 1828, avec Bazard, Père suprême du collège saint-simonien, il tend à transformer celui-ci en monument religieux. En 1831, le conflit éclate entre les deux Pères suprêmes : alors que Bazard encourage la formation d'un mouvement politique, Enfantin n'envisage qu'une révolution morale et sociale. Bazard s'étant retiré, suivi peu après par ses partisans, le Père Enfantin dirige seul, désormais, le mouvement saint-simonien qui prend le visage d'une secte. En 1833, il emmène avec lui quarante anciens pour faire retraite à Ménilmontant. La communauté se dissout après que le gouvernement eut intenté un procès aux chefs saint-simoniens pour association illicite et outrage aux mœurs : Enfantin est alors condamné à un an de prison. À sa sortie de Sainte-Pélagie, il se rend en Égypte (1833-1837), mais ses projets de grands travaux (percement de l'isthme de Suez) n'intéressent guère Mohammed-Ali. À la suite d'un séjour en Afrique du Nord, il publie La Colonisation de l'Algérie (1843). Engagé dans la recherche de la Mère suprême, n'acceptant aucune remise en cause de son autorité sur le mouvement, Enfantin ne peut cependant éviter la diaspora des saint-simoniens. Son interprétation de la doctrine de Saint-Simon, dont il occulte les éléments proprement politiques, lui fait ignorer le mouvement socialiste qui se développe alors. Son intérêt est tourné vers les perspectives de développement industriel, dont il attend la solution des problèmes sociaux : directeur de la Compagnie de la ligne de Lyon en 1845, il œuvre à la fusion des lignes de chemin de fer entre Paris et Marseille, et se trouve donc à l'origine du futur réseau P.L.M. ; en 1846, il crée la Société d'étude pour le canal de Suez. Sous la seconde République, il soutient Cavaignac et approuve le coup d'État du prince-président le 2 décembre 1851. À la fin de sa vie, il se consacre à la préparation de l'édition autorisée des œuvres de Saint-Simon, à laquelle il joint ses propres ouvrages (elle paraîtra en 47 volumes de 1865 à 1878).

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • EXPLORATIONS

    • Écrit par
    • 13 773 mots
    • 1 média
    ...saint-simoniens, et le rêve de « marier l'Orient et l'Occident », porte en elle toutes les contradictions d'un monde à la fois idéaliste et matérialiste. Prosper Enfantin, le père, « chef suprême » de la religion saint-simonienne, invite ses disciples au voyage d'Orient : « Suez est le centre de notre vie...
  • SAINT-SIMON CLAUDE HENRI DE ROUVROY comte de (1760-1825) ET SAINT-SIMONISME

    • Écrit par et
    • 6 027 mots
    • 1 média
    ...notamment parmi les élèves de l'École polytechnique, trait relevé par Balzac dans Le Curé de village. Les plus remarquables de ces disciples sont Prosper Enfantin, esprit d'envergure, servi par un véritable magnétisme, Saint-Amand Bazard, moins doué, mais plus sûr. Charles Duveyrier, le remarquable ingénieur...