MURILLO BARTOLOMÉ ESTEBAN (1618-1682)
Peinture de genre, paysages et portraits
Parmi les peintures de genre de Murillo, les tableaux où il représente des enfants de la rue et des petits voleurs, avec une souriante désinvolture dans l'observation bienveillante et un manque d'intention moralisatrice, sont bien connus. L'un des plus célèbres est le Mendiant du Louvre, représenté dans la lumière du crépuscule qui est encore un souvenir de Caravage, sans oublier ceux de la pinacothèque de Munich si riches en couleur. À côté de ces tableaux, il faut placer des œuvres comme La Fillette aux fleurs (Dulwich College, Londres) ou les Jeunes Femmes à la fenêtre (National Gallery of Art, Washington), ce dernier représentant peut-être des femmes de mauvaise vie, mais traitées avec une gentillesse moqueuse. Dans sa peinture semi-profane, Murillo cherchait probablement à plaire à une clientèle honorable, non dépourvue d'un goût déguisé pour les sujets scabreux ; il faut citer, en particulier, la série des scènes de L'Enfant prodigue (collection Best, Londres, et Ermitage, Saint-Pétersbourg) inspirée des gravures de Jacques Callot, ce qui n'exclut pas une observation directe du peintre, que laisse supposer le réalisme des détails.
Il n'est pas permis d'ignorer Murillo paysagiste ni surtout portraitiste. Dans le premier genre, il vient, en Espagne, immédiatement après Velázquez. Ses paysages, aux notes délicates et vives, expriment la grandeur de la nature imaginaire sans jamais tomber dans un style décoratif. Comme portraitiste, il est excellent et il est dommage qu'il n'ait pas eu davantage de commandes, ce qui prouve combien était limitée sa clientèle, dont une partie était du même milieu que lui-même. Influencés par Van Dyck, ses portraits aux personnages sereins, empreints d'une grande dignité, laissent une image de la société sévillane pour laquelle Murillo avait réalisé toute son œuvre.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Antonio BONET-CORREA : professeur d'histoire de l'art espagnol, université Complutense, Madrid
Classification
Médias
Autres références
-
ANDALOUSIE
- Écrit par Michel DRAIN , Marcel DURLIAT et Philippe WOLFF
- 10 381 mots
- 17 médias
La génération suivante, dominée par Murillo (1618-1682) et Valdés Leal (1622-1690), offre la même variété et la même richesse. Pour reprendre la terminologie de M. Paul Guinard, l'un est le « baroque de la grâce », l'autre le « baroque de la violence ». Ils sont d'ailleurs d'une importance inégale.... -
BAROQUE
- Écrit par Claude-Gilbert DUBOIS , Pierre-Paul LACAS et Victor-Lucien TAPIÉ
- 20 831 mots
- 23 médias
...l'opulence seigneuriale et la misère populaire, l'image des petites gens a tenté les peintres. Elle eut sa place aussi dans l'œuvre du peintre de Séville, Murillo (1617-1682), mais qui demeure célèbre par sa Puríssima (L'Immaculée Conception) expression d'une doctrine pour laquelle les théologiens... -
ESPAGNE (Arts et culture) - L'art espagnol
- Écrit par Marcel DURLIAT
- 5 038 mots
- 11 médias
...mais aussi des artistes renommés. Zurbarán met son réalisme rustique au service des grands cycles iconographiques monastiques. Les meilleures œuvres de Murillo sont également des tableaux d'église. Sa sensibilité s'accorde à la spiritualité expansive et sentimentale de l'Espagne urbaine, dont il fixe aussi...