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GRÉGOIRE XVI, BARTOLOMEO ALBERTO CAPPELLARI (1765-1846) pape (1831-1846)

Né à Belluno en Vénétie, entré en 1783 chez les Camaldules, où il reçut le nom de Mauro, le futur Grégoire XVI se consacra pendant un quart de siècle aux études théologiques et publia, en 1799, un ouvrage apologétique qui devait exercer une grande influence sur le développement du mouvement ultramontain : Il Trionfo della Santa Sede. Puis, peu à peu, il eut l'occasion de s'initier à la complexité des affaires ecclésiastiques : abbé du monastère du Monte Celio à Rome en 1795 ; consulteur de plusieurs congrégations romaines à partir de 1815 ; vicaire général de son ordre en 1823 ; enfin, en 1826, cardinal et préfet de la congrégation De propaganda fide, dont dépendaient non seulement les missions, alors en pleine réorganisation, mais également les Églises d'Amérique, les catholiques d'Angleterre, de Russie et des Pays-Bas, ainsi que les uniates du Proche-Orient. Aussi, lorsqu'il fut élu pape grâce à l'appui des zelanti, le 2 février 1831, au terme d'un pénible conclave de trois mois, il était non seulement familiarisé avec le monde de la Curie mais également bien informé des difficultés concrètes auxquelles l'Église se trouvait affrontée presque partout.

Certains historiens récents réagissent contre le jugement simpliste qui veut voir en Grégoire XVI le type du pontife réactionnaire et étroit d'esprit. Assurément, son austérité monacale et sa brusquerie d'allure, qui le poussaient à s'isoler, le firent paraître plus intransigeant encore qu'il ne l'était en réalité ; il est vrai aussi que, formé dans l'atmosphère de la restauration romaine, il entendait faire front avec énergie aux dangers que les zelanti ne cessaient de dénoncer depuis un demi-siècle. C'est dans cet esprit que, face à la vague religiosité romantique et surtout au naturalisme rationaliste, Grégoire XVI utilisa avec ténacité son magistère doctrinal pour rappeler les grands principes et stigmatiser ceux qui voulaient se soustraire à la transcendance du surnaturel ; qu'il défendit l'indépendance de l'Église contre les interventions du pouvoir civil, notamment en matière de nominations épiscopales et surtout de mariages mixtes, domaine où depuis de longues années on s'était montré à Rome accommodant ; qu'il réaffirma l'autorité suprême du pape dans l'Église face aux survivances fébroniennes et gallicanes ; et qu'il s'appuya volontiers sur les ordres religieux, dont cet ancien moine favorisa autant qu'il le put la difficile renaissance. Assurément aussi, c'est parce qu'il partageait la myopie des zelanti devant les transformations de la société moderne qu'il ne sut pas percevoir ce qu'il y avait de caduc dans le système politique et social de l'ancien régime, dans lequel il croyait voir l'expression de la volonté de Dieu ; mais c'est aussi parce qu'il avait la hantise de voir l'État pontifical, garantie de son indépendance spirituelle, décomposé par les aspirations libérales, que Grégoire XVI ne manifesta guère de compréhension pour le mouvement national italien ni pour le programme de réformes administratives que lui avait proposé le Memorandum des puissances de 1831 (encore que son action dans ce double domaine eût été plus nuancée que ne l'ont prétendu les premiers historiens du Risorgimento, et que l'entente entre le Saint-Siège et Metternich n'eût pas été, surtout au début, aussi étroite que le croyaient ses adversaires), s'efforçant de mobiliser toutes les forces dont disposait le Saint-Siège renaissant pour essayer d'enrayer les progrès de la « révolution » et se refusant avec une opiniâtreté qui ne fit que s'accentuer avec les années à pactiser avec les « forces de subversion », même là où, comme en Pologne ou en Irlande, elles[...]

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