BARTON FINK, film de Joel et Ethan Coen
Lorsque les frères Coen reçoivent, en 1991, la palme d'or du festival de Cannes pour Barton Fink, ils ont derrière eux une œuvre encore peu abondante mais remarquée, caractérisée par leur goût pour l'insolite, la dérision et l'humour noir. Leurs personnages sont très dessinés, à la limite de la caricature, et leur mise en scène, réputée méticuleuse, ne craint pas la stylisation. Ils aiment nous plonger dans des époques révolues, comme les années 1920, ou, ici, le début des années 1940, et présenter des héros « décalés », plongés dans des intrigues à rebondissements – le tout empruntant, la plupart du temps, le cadre du film policier.
Film après film, « les Coen » constituent leur troupe d'acteurs dits « de caractère », comme Steve Buscemi, John Turturro, John Goodman, France McDormand, auxquels ils proposent des compositions chaque fois différentes.
Les troubles de l'imagination
Los Angeles, 1941. Un jeune auteur de théâtre new-yorkais à ambition humanitaire et sociale, Barton Fink, signe un contrat avec une petite compagnie hollywoodienne, la Capitol Pictures. Chaleureusement accueilli par Jack Lipnick, le patron du studio, et son homme à tout faire, Lou Breeze, il se voit confier la mission d'écrire un mélodrame de catch destiné à être joué par Wallace Beery. Barton, qui a voulu s'isoler, se morfond dans sa chambre d'hôtel et ne trouve aucune idée. Il consulte en vain un écrivain alcoolique également sous contrat, Bill Mayhew, mais reçoit de temps en temps la visite de son voisin de chambre, un gros homme cordial nommé Charlie Meadows, qui se présente comme un agent d'assurances. Celui-ci l'aide lorsque Barton découvre à ses côtés, morte, la secrétaire de l'écrivain, Audrey, avec laquelle il vient de passer la nuit. L'inspiration de Barton se débloque alors, et il écrit à toute allure un scénario. Cependant, nous découvrons que Charlie Meadows, de son vrai nom Karl Mundt, est un dangereux psychopathe auteur de plusieurs crimes sanglants. Barton, dont le scénario a été refusé, se réfugie sur une plage peut-être imaginaire, où lui parle une femme semblable à celle de la photo qui ornait sa chambre.
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Écrit par
- Michel CHION : écrivain, compositeur, réalisateur, maître de conférences émérite à l'université de Paris-III
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