SPENCE BASIL (1907-1976)
Quoique architecte renommé et honoré de nombreuses commandes officielles, sir Basil Spence est à peine mentionné par les historiens de l'architecture moderne. Dans son ensemble, son œuvre se constitue de structures conventionnelles, revêtues d'un langage moderniste souvent rhétorique et composé d'éléments détournés de leur signification originale.
Né à Bombay (Inde), Spence fit ses études aux universités de Londres et d'Édimbourg ; il effectua un stage chez sir Edwin Lutyens, qui, après des débuts dans les rangs de l'avant-garde, s'était tourné vers le néo-académisme. Spence l'assista pour l'exécution de la maison du vice-roi à New Delhi (1931). Après la guerre, Spence fut nommé architecte en chef de Britain can make it, et réalisa dans ce style plusieurs pavillons d'exposition dont le plus remarqué fut le pavillon de la mer au festival de Grande-Bretagne en 1951 : une structure éphémère composée de charpentes légères. La même année, il gagna le concours pour la construction d'une nouvelle cathédrale à Coventry. Sa décision de maintenir les ruines de la vieille cathédrale, bombardée en 1940, comme un élément actif de l'ensemble, et son parti de construire le nouveau bâtiment dans la même pierre naturelle rose que l'ancien, constituent les aspects heureux de ce projet. Mais pour Spence, ces ruines semblent moins avoir été un lieu de réflexion sur une sacralité dépouillée qu'un élément antithétique qui, par contraste, devait relever le symbolisme triomphaliste de sa propre architecture. La nouvelle cathédrale, implantée perpendiculairement à l'ancienne, donc dans la direction nord-sud, et reliée à celle-ci par une volée monumentale d'escaliers recouverte d'un porche, est une œuvre quasi gothique. Elle est formée d'une nef allongée et axée univoquement vers l'autel monumental ; celui-ci est surmonté d'une immense tapisserie néo-expressionniste de Graham Sutherland, représentant une vision apocalyptique du Christ. Plusieurs éléments d'art décoratif et d'art appliqué se conjuguent dans cette nef afin d'y créer une atmosphère qui évoque « la Majesté, l'Éternité et la Gloire de Dieu ». Les murs portants se décomposent en parois en « harmonica », structure qui permet un éclairage directionnel ; le plafond en béton armé, dont les articulations évoquent le gothique perpendiculaire, repose indépendamment des murs et du toit sur ses propres piliers, formant ainsi une sorte d'immense écrin à l'intérieur de la nef ; la chapelle œcuménique qui se raccorde à la nef représente par son plan en étoile « l'Unité chrétienne ». La nouvelle cathédrale eut un grand succès touristique et sir Basil Spence se vit chargé de nombreuses commandes : le centre civique de la ville nouvelle de Basildon, des unités résidentielles à Dunbar, la chapelle et la bibliothèque de l'université d'Édimbourg (1954), le Thorn House dans Upper Saint Martin's Lane à Londres (1957-1959), les églises Sainte-Catherine à Sheffield et Saint-François à Wythenshawe, Manchester (1959-1961), l'ambassade de Grande-Bretagne à Rome (1961), des blocs d'appartements au Hutchesontown-Gorbals Redevelopment à Glasgow (1965), le pavillon britannique à l'exposition de Montréal (1967), et des bâtiments universitaires à Cambridge, Durham, Exeter, Liverpool, Glasgow, Newcastle, Nottingham et Southampton. Parmi ses réalisations les plus prestigieuses il faut compter l'université de Sussex (1960-1965) à Falmer, près de Brighton ; les bâtiments sont articulés et liés entre eux par le motif de la voûte vernaculaire, emprunté aux maisons Jaoul de Le Corbusier, et gonflé jusqu'à des dimensions décoratives et rhétoriques. Basil Spence reprit le même thème dans les Cavalry Barracks (1967-1970), un vaste[...]
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Écrit par
- François STRAUVEN : auteur
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