BASQUES
La littérature
Premières œuvres (XIVe et XVe s.)
Dans l'histoire des littératures, la poésie précède généralement la prose. Les Basques n'ont pas manqué à cette tradition.
À côté des « prières païennes » (impossibles à dater) au Soleil et à la Lune, et des premières « cantilènes chrétiennes » (également impossibles à dater), voici les Chants de guerre civile des xive et xve siècles, racontant les luttes d'Oñaz contre Gamboa, de Gramont contre Beaumont, avec les batailles, incendies, sacs de villes et assassinats qu'elles comportent. Le plus beau est intitulé la Chanson de Bereterretche.
Voici encore les eresiak, complaintes familiales dialoguées entre femmes de haut rang, à l'occasion des mariages, deuils et autres célébrations : la plus renommée est Alos-torrea(La Tour d'Alos). C'est un genre sans mièvrerie, chargé plutôt d'ironie féroce.
Vers 1450 a dû apparaître un théâtre populaire qui dure encore en Soule : il se rattache aux « mystères ruraux » qui ont jadis existé un peu partout en Europe. Les pièces tragiques s'appellent « pastorales », mais n'ont rien de commun avec celles du Tasse ou de Montemayor. Sans souci des trois unités, elles sont écrites en versets rimés qui se chantent sur une mélopée archaïque, et jouées selon des conventions originales. Les sujets s'en répartissent en huit cycles : Bible, Antiquité gréco-latine, hagiographie, légendes, récits d'aventures, chevalerie, histoire de France et histoire locale. Les pièces comiques sont des « farces charivariques » qui caricaturent la technique des pastorales.
Pour ce qui est des traditions, légendes et chansons folkloriques, le fonds en est ancien, surtout celui qui se réfère aux croyances et coutumes antérieures à la christianisation des Basques ; mais précisément, on ignore quand le paganisme a vraiment disparu de chez eux. Deux opinions sont en présence : Gorostiaga, avec la tradition, admet l'organisation de centres chrétiens dans les villes romaines du Pays dès le ive siècle, et l'achèvement de la christianisation avant l'an 900 ; Lacarra, avec bien des modernes, ne nie pas l'introduction ancienne du christianisme dans les milieux citadins, mais pense que les jentilak ou païens basques ont cohabité avec les convertis jusqu'à une date plus récente : d'aucuns voient dans la persécution des sorciers, terminée en 1609, la lutte contre ceux qui voulaient maintenir l'antique religion.
Les auteurs continentaux (XVIe et XVIIe s.)
En 1545 paraissent les Linguae Vasconumprimitiae(Les Prémices de la langue basque), un mince livret de Bernard Dechepare : en dépit de son titre latin, c'est le premier ouvrage imprimé en basque. Il annonce deux traits dominants de la future littérature continentale par son style populaire et sa versification syllabique rimée. Le contenu est surprenant : des poèmes religieux et des poèmes amoureux d'un réalisme parfois incroyable. On a rapproché Dechepare de l'Espagnol Juan Ruiz de Hita : tous deux furent archiprêtres, tous deux emprisonnés on ne sait pourquoi, tous deux pieux et naïvement obscènes. De telles grivoiseries ne paraîtront guère plus en basque que dans quelques farces, contes et chansons vulgaires.
En 1571, un tout autre livre est publié sur ordre de Jeanne d'Albret : une traduction du Nouveau Testament, par Jean Lissarrague, prêtre catholique passé au protestantisme ; c'est un essai de langue interdialectale, à la morphologie archaïque et au vocabulaire très latinisé, alourdie par une syntaxe calquée sur ses modèles. Ce texte, capital pour les philologues, est illisible pour nos contemporains. En son temps, il fut résolument boycotté par la résistance anticalviniste.
L'entreprise de Lissarrague ne fut pourtant pas inutile : elle fit comprendre au clergé l'importance des langues vernaculaires[...]
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Écrit par
- Jean HARITSCHELHAR : professeur émérite de langue et littérature basques à l'université de Bordeaux-III, directeur de l'U.A. C.N.R.S 04 1055 (études linguistiques et littéraires basques)
- Pierre LAFITTE : membre de l'Académie de la langue basque
- Pierre LETAMENDIA : maître de conférences de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Maitane OSTOLAZA : doctorat en histoire et civilisation, Institut universitaire européen (Florence, Italie), maître de conférences à l'université de Paris IV-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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