PARISIEN BASSIN
Un bassin sédimentaire vaste et complexe
Le Bassin parisien, en tant que plus grand bassin sédimentaire de France, avec presque 180 000 kilomètres carrés dans sa définition physique, bénéficie d'une notoriété telle, notamment dans l'enseignement de la géographie, qu'il passerait presque pour un « modèle » du genre.
Il est vrai qu'il en possède de nombreux traits. Un bassin sédimentaire se définit en effet par l'empilement, dans une zone de subsidence (affaissement) géologique, de couches de sédiments issus de dépôts marins ou lacustres, les plus anciennes se trouvant généralement en profondeur et les plus récentes en surface. Ces dernières affleurent donc principalement au cœur du bassin : dans le cas du Bassin parisien, les couches de l'ère tertiaire se trouvent effectivement dans la partie centrale, entre l'Oise au nord et le Cher au sud. Les couches plus anciennes et plus profondes, relevées en direction des massifs anciens qui entourent le bassin, affleurent successivement en périphérie, des plus jeunes aux plus anciennes, tournant leur tranche vers l'extérieur sous forme d'un relief dit de « côte » ou de « cuesta ». Cette succession de couches géologiques – donnant des plateaux – et de « cuestas » les limitant vers l'extérieur s'observe particulièrement bien dans l'est du Bassin parisien, de la côte d'Île-de-France limitant les plateaux tertiaires au-dessus de la Champagne aux cuestas qui se succèdent jusqu'en Lorraine en direction des Vosges. Conformément au modèle, la zone de subsidence parisienne est entourée de massifs anciens, ici l'Ardenne, les Vosges, le Morvan, et le nord du Massif central, ainsi que le Massif armoricain à l'ouest.
Mais le Bassin parisien est loin de se conformer parfaitement au modèle idéal du bassin sédimentaire. Dans ses cours à la Sorbonne, le géographe Xavier de Planhol insistait sur le caractère partiel de la correspondance au schéma théorique et sur l'importance des complications de détail. Tout d'abord, le centre de la zone de subsidence ayant varié au fil des temps géologiques, les terrains tertiaires débordent largement en direction du Sud-Ouest et des Pays de la Loire. Cette particularité géologique est d'ailleurs accompagnée, sur le plan climatique, par une extension comparable d'une zone plus chaude et plus sèche que le reste du bassin. Les auréoles successives séparées par des cuestas sont parfaitement visibles dans l'est du bassin, elles sont moins bien exprimées dans l'ouest et à proximité de l'Ardenne, on les retrouve aussi au Berry, entre les zones d'accumulation de sables de la Sologne et de la Brenne, mais ailleurs elles disparaissent. De même, les massifs anciens, bien marqués dans le relief au nord-est, à l'est et au sud, sont présents mais mal marqués dans le relief à l'ouest, où l'altitude moyenne du Massif armoricain (104 m) est inférieure à celle du Bassin parisien (178 m). Ailleurs, le bassin débouche sur les régions voisines par des seuils ou plateaux (seuil du Poitou ou du Cambrésis, ou plateau de Langres, limité par la vallée de la Saône). Enfin, au nord, les directions dominantes du relief sont nord-ouest/sud-est, et la Manche vient constituer une limite maritime non prévue dans le modèle, ayant envahi un espace dont la véritable limite physique se trouve plutôt en Grande-Bretagne.
Le réseau hydrographique prend également quelques libertés avec le modèle. La Seine et ses affluents ne drainent que la partie centrale du bassin ; encore la convergence vers le centre est-elle loin d'être parfaite : ainsi l'Eure, au lieu de continuer son chemin vers Paris, se détourne-t-elle en direction de la basse-Seine. La Meuse s'échappe vers le nord en traversant l'Ardenne, et la Loire se détourne du bassin de la Seine en changeant[...]
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Écrit par
- Jean ROBERT : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la section prospective et planification du conseil économique et social de la Région Île-de-France
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