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PARISIEN BASSIN

Le « maillon faible » de l'aménagement du territoire

La politique d'aménagement du territoire français, développée dans la logique d'un rééquilibrage entre Paris et la province après la publication en 1947 de l'ouvrage fondateur du géographe Jean-François Gravier, Paris et le désert français, a fait du Bassin parisien – hors de l'Île-de-France – une sorte de « no man's land » entre une région parisienne dont on cherchait à limiter l'extension, et des provinces plus lointaines que l'on voulait aider à se développer. L'institution, à partir de 1955, d'un agrément préalable aux créations ou extensions industrielles en région parisienne et d'un système de primes aux installations dans les régions jugées mériter une aide, laisse sur les cartes, entre les deux, une « tache blanche » qui correspond à l'essentiel du Bassin parisien.

Malgré cette situation relativement « neutre » au regard des politiques d'aménagement, c'est le Bassin parisien qui va profiter le plus de cette politique, tout simplement en raison de sa proximité de Paris, les industriels « décentralisés » essayant de partir le moins loin possible. En 1975, au haut de la vague de « décentralisation industrielle », les régions du Bassin parisien avaient bénéficié de 352 000 créations d'emplois industriels « décentralisés », sur un total national de 595 000, la région Centre venant de très loin en tête avec 90 000, soit 15 p. 100 du total.

Mais il s'agissait essentiellement d'emplois ouvriers et de fabrication, et la différence qualitative entre l'Île-de-France et le reste du bassin en est sortie aggravée, la première concentrant les fonctions de conception, de gestion et de commercialisation, ainsi que les emplois de cadres, alors que le second tendait à se prolétariser. Le cas de Dreux, toute proche des Yvelines, à l'ouest de Paris, est exemplaire : ville calme de province, elle est devenue entre les années 1960 et 1980 une ville industrielle, avec une forte population ouvrière et immigrée.

Une autre politique sectorielle aurait pu compenser cette évolution : c'est la politique universitaire. En un sens, elle représente un grand succès : alors que, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, seule l'université de Caen se faisait remarquer dans le « désert universitaire » entourant Paris, les différents programmes ont conduit à la création ou au développement d'universités à Rouen et au Havre, à Amiens et Compiègne, Reims, Orléans, Tours et Le Mans. Le total représentait, en 2009, 146 000 étudiants (contre 362 000 en Île-de-France).

Dans les premières années de la politique d'aménagement, la réflexion sur l'organisation spatiale du Bassin parisien était assez limitée. En 1965, une carte de « La région de Paris dans le Bassin parisien » est publiée par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région parisienne (IAURP) dans le cadre de la préparation du Schéma directeur de la région de Paris, qui a pour objectif de mettre de l'ordre dans l'extension de la capitale et de la replacer dans une vision stratégique. Cette carte montre, au-delà de l'agglomération parisienne, de vastes surfaces vides, agrémentées de forêts et de rivières, et de quelques agglomérations ; seul l'axe de la vallée de la Seine ressort puissamment sur la carte, du fait de son armature autoroutière et de ses urbanisations nouvelles se succédant de Mantes au Havre avec, notamment, la ville nouvelle du Vaudreuil, créée ex nihilo pour accueillir 100 000 habitants et que son succès mitigé conduira dix ans plus tard à être requalifiée en commune « classique » et à changer de nom pour devenir Val-de-Reuil.

Il faudra attendre la préparation du nouveau Schéma directeur de la Région Île-de-France[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la section prospective et planification du conseil économique et social de la Région Île-de-France

Classification

Médias

Plates-formes structurales du bassin tertiaire parisien - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plates-formes structurales du bassin tertiaire parisien

Bassin parisien : aquifères profonds - crédits : Encyclopædia Universalis France

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