BASSORA
Ville du sud de l'Irak (837 000 hab. selon l'estimation de 2005). Bassora (ou Bassorah ou Basra) ne fut d'abord qu'un camp militaire, créé en 638 sur le site actuellement appelé al-Zubayr par ‘Utba ben Gazwān, pour contrôler les routes du golfe Persique et servir de point de départ à de nouvelles campagnes. Elle devint très vite une grande ville : sa situation géographique n'en faisait pas seulement un point stratégique, mais un centre commercial de premier ordre. En 657, elle comptait sans doute plus de 50 000 âmes. À l'élément arabe se mêlèrent des Iraniens, des Indiens, des Malais et des Zanǧ (esclaves noirs). La ville atteignit son apogée au iie siècle de l'hégire et au début du iiie. Sa prospérité économique, due à son activité commerciale et portuaire, l'amena à compter 200 000 ou, selon d'autres sources, jusqu'à 600 000 habitants. Elle était également un centre culturel de premier ordre ; toutes les sciences y étaient enseignées, entre autres la grammaire, la lexicographie, la théologie ainsi que le soufisme. Il n'est pas étonnant que soit originaire de cette ville l'illustre Ǧāhiz, le premier prosateur véritablement arabe ou entièrement arabisé. La fondation de Bagdad par le calife al-Manssūr, en 762, amorce le déclin de Bassora. Elle n'est plus la métropole de l'Irak ; à cela s'ajoutent des troubles sociaux et politiques : révolte des Zott (Tsiganes) de 820 à 835, des Zanǧ qui prennent Bassora en 871 et des Qarmates qui la pillent en 923. C'est la décadence : les bâtiments sont abandonnés et l'on reconstruit la ville sur le site actuel. Bassora jouera à nouveau un rôle stratégique important au xviie siècle, au cours de la guerre turco-persane. Au xxe siècle, elle retrouve rapidement son importance première : comme port, elle sert de débouché à l'Irak, en particulier pour évacuer sa production de dattes ; elle devient un grand centre de raffinage et d'exportation de pétrole, après la découverte d'un champ pétrolifère, en 1948, à al-Zubayr (à l'emplacement de l'ancienne ville). L'activité du port, tant sur le plan militaire que commercial, a été considérablement réduite par la guerre contre l'Iran d'abord (1980-1988), puis par l'embargo imposé par les Nations unies à l'Irak à la suite de la crise provoquée par l'invasion du Koweït par le président irakien Saddam Hussein et la défaite de ce dernier (1989-1990).
À la suite de l'intervention anglo-américaine de 2003, les troupes britanniques conquièrent Bassora le 9 avril, le même jour que Bagdad, et prennent en charge l'administration de la ville en tentant de nouer une coopération avec les pouvoirs locaux à dominante chiite. Alors que les Américains, au nord, se trouvent rapidement confrontés à de violentes actions de guérilla, la région connaît une paix toute relative et éphémère. En effet, les rivalités entre factions chiites ne tardent pas à restaurer un climat de violence, sur fond de retrait progressif des troupes britanniques.
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Écrit par
- Georges BOHAS : docteur ès lettres, directeur de l'Institut français d'études arabes de Damas
Classification
Média
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