BASTIA
Préfecture du département de la Haute-Corse, Bastia (44 121 hab. dans la commune et 66 717 dans l'agglomération en 2012) jouit au nord-est de l'île, à 55 kilomètres de l'île d'Elbe et à 110 kilomètres de Livourne, d'une position très avantageuse : au nord, le cap Corse avec ses vignobles fameux (Patrimonio), région traditionnellement fertile, en net recul cependant ; au sud, la vaste plaine orientale, mise en valeur depuis la fin de la guerre d'Algérie, terre déjà cultivée par les Romains, puis pendant des siècles tombée à l'abandon à la suite des grandes invasions et de l'implantation de la malaria.
Bastia est-elle Blesinôn, l'un des ports de l'île cités par Ptolémée ? Cardo, Erbalunga, villages aujourd'hui, furent, pendant le haut Moyen Âge, mentionnés longtemps avant Bastia, qui ne fut d'abord que Marina di Cardo.
Le port est de toute évidence une création artificielle. Le nom de Bastia, qui signifie fortification, rappelle vraisemblablement sa fondation en 1383 par Lemello Lomellino. L'enceinte fut construite entre 1481 et 1488 et la citadelle ne fut elle-même achevée qu'en 1553.
Mais la proximité de l'Italie, qui lui valut d'être le siège du gouvernement génois et de son vicaire général dès 1453, fait très tôt de Bastia la vraie capitale de la Corse. Longtemps, le contraste reste marqué entre la population génoise de la citadelle ou Terra nova, protégée par ses fortifications, et le quartier peuplé d'autochtones de Terra vecchia.
Le contraste architectural est encore perceptible entre Terra nova et Terra vecchia : plan régulier, élégance des bâtiments ici, dédale de rues étroites et mouvementées là. La banque et le port connaissent au cours du xviie siècle une rapide progression, mais les forces vives de la population corse demeurent à l'intérieur de l'île, autour de Corte. Le commerce de Bastia, concurrencé fortement par celui des autres ports, en particulier par les florissantes marines du Cap, ne s'impose pas sans mal. Peu à peu, la nécessité de collaborer amène l'antagonisme des populations corse et génoise à s'atténuer. Le Cap, la région de Castaniccia envoient à Bastia de plus en plus d'habitants et Gênes doit en tenir compte : au début du xviiie siècle, le Conseil des anciens est composé à égalité de Corses et de Génois. D'ethnique, l'antagonisme se fait alors économique.
Les « révolutions » corses qui ont eu lieu au xviiie siècle s'en prennent fréquemment à Bastia comme siège du gouvernement colonialiste et comme ville de la bourgeoisie marchande.
La Corse est annexée par la France en 1769 mais c'est la Révolution française qui gagne Bastia et la Corse à la « cause française ». Bombardée en février 1794 par la flotte de Nelson, qui profite des troubles de France pour créer un royaume anglo-corse, Bastia ne se rend qu'en mai. Sous le Directoire, la France doit reconquérir la Corse. L'enseignement est favorisé : un collège secondaire est créé à Bastia.
Pendant l'Empire, la Corse est constituée de deux départements : le Liamone, chef-lieu Ajaccio, et le Golo, chef-lieu Bastia. En 1811 a lieu la réunification de l'île en un seul département. Cette situation dure jusqu'en 1975, date à laquelle Bastia devient préfecture du département de la Haute-Corse.
Au début du xixe siècle, la ville connaît pourtant un remarquable développement, avec la suppression des « droits à l'exportation des produits du sol ». Le vin, l'huile d'olive, la soie même (industrie qui ne dure guère) sont expédiés sur le continent. L'artisanat prospérait alors comme aujourd'hui. Avec ses journaux, son théâtre, qui n'existe plus, son collège, ses cercles littéraires, Bastia s'affirme comme capitale culturelle. Sous le second Empire, après avoir élevé son palais de justice, Bastia,[...]
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Écrit par
- Bernard RAFFALLI : agrégé de lettres, assistant à l'université de Paris-IV
Classification
Médias
Autres références
-
CORSE
- Écrit par Christian AMBROSI , Gilbert GIANNONI , Janine RENUCCI et André RONDEAU
- 8 419 mots
- 4 médias
...sont les villes, puisqu'elles ont attiré l'essentiel des gains, doublant leur importance en réunissant aujourd'hui plus de 62 p. 100 de la population. L'expansion a transfiguré Ajaccio et Bastia, deux villes moyennes très vivantes, avec respectivement 67 000 et 44 100 habitants (en 2012) ; elle a accusé...