ROCROI BATAILLE DE (1643)
Célèbre bataille opposant l'armée française, commandée par le jeune duc d'Enghien (le futur Grand Condé), à l'armée de don Francisco de Mello, en majorité espagnole mais comprenant des unités wallonnes, allemandes et italiennes. Les coalisés, qui mettent en ligne 17 000 fantassins et 8 000 cavaliers, assiègent Rocroi, place forte des Ardennes, que les Français, avec 15 000 fantassins et 6 000 cavaliers, tentent de secourir.
Mello a formé son infanterie en trois lignes, comportant chacune trois grands carrés. Considérée autrefois comme invincible, l'infanterie espagnole est trop lourde en piquiers. Depuis que le chargement du mousquet est devenu plus rapide, les Français ont adopté un dispositif souple, où les mousquetaires sont plus nombreux que les piquiers. Dans l'un et l'autre camp, la cavalerie est aux ailes.
Enghien, pressé de prouver sa valeur et soucieux de ne pas refroidir l'ardeur des lieutenants qu'on lui a donnés pour conseillers (le prudent L'Hospital et l'intrépide Gassion), leur cache la mort de Louis XIII, dont la nouvelle lui parvient le 17 mai, et décide d'attaquer dès le 19 pour devancer l'arrivée de renforts ennemis.
À l'aile gauche des Français, L'Hospital se fait vivement contre-attaquer par Mello, qui n'exploite pas sa supériorité et laisse s'enliser le combat.
Au centre, Enghien enfonce les alliés des Espagnols, puis, contournant les carrés de piquiers castillans que lui oppose le vieux Fuentes, perce avec sa cavalerie et se rabat sur les arrières de Mello.
À l'aile droite française, Gassion et ses chevau-légers débordent la gauche espagnole dont la cavalerie s'enfuit en désordre mais dont l'infanterie se fait bravement exterminer sur place.
L'armée espagnole ne se remettra jamais complètement de cette terrible bataille qui, en revanche, inaugure avec éclat la régence d'Anne d'Autriche : 250 drapeaux ennemis arrivent à Notre-Dame.
Au point de vue tactique, la victoire de Rocroi montre que la cavalerie est, à ce moment, l'arme décisive : bien employée, elle permet de manœuvrer sur les ailes et d'exploiter le succès. Un siècle plus tard, par suite des progrès de l'armement, le feu sera devenu le facteur prépondérant du combat, comme le montrera Fontenoy en 1745.
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Écrit par
- Pierre GOBERT : ancien élève de l'École polytechnique, général
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