BAUXITES
Modes de gisement
Bauxites karstiques
Les bauxites de karst reposent sur un mur toujours calcaire ou dolomitique ; elles sont souvent scellées dans leur gîte par des assises sédimentaires qui constituent leur toit.
Elles apparaissent à différents niveaux stratigraphiques en divers points du globe ; ainsi connaît-on des bauxites sur du Cambrien en Sibérie, sur du Silurien dans l'Oural, sur du Dévonien dans l'Oural et dans le Salaïr, sur du Carbonifère aux États-Unis, sur du Trias en Hongrie, en Grèce, au Monténégro, sur du Jurassique en Inde, en France, sur du Crétacé inférieur en France, sur du Crétacé supérieur en Yougoslavie, sur de l'Éocène à la Jamaïque, à Haïti, en république Dominicaine, sur de l'Oligocène et du Miocène à la Jamaïque.
Dans une même région, les bauxites reposent sur une « surface » qui peut entamer des niveaux d'âge différent. Les bauxites sur mur calcaire témoignent d'une émersion suivie d'une phase érosive. En Provence, par exemple, la bauxite se trouve aussi bien sur le Crétacé inférieur que sur le Jurassique moyen. Sur cette surface, la bauxite occupe des gîtes particuliers. Parfois elle comble des dépressions de vaste extension horizontale, sortes de cuvettes peu profondes dont le fond présente une morphologie irrégulière, très déchiquetée dans le détail, hérissée de pitons et de seuils qui délimitent, au sein de la cuvette, des lentilles plus ou moins vastes. Dans ces gisements, la bauxite apparaît comme une couche dont l'épaisseur dépasse rarement la dizaine de mètres. Telle est, en Provence, la cuvette de Mazaugues, d'allongement est-ouest, de plus de 30 kilomètres de long sur quelques kilomètres de large (fig. 1). Parfois elle remplit des poches (fig. 2) plus ou moins isolées les unes des autres, circulaires ou elliptiques, profondément karstifiées, qui peuvent dépasser 50 mètres de profondeur, d'extension latérale limitée (de quelques mètres à une centaine de mètres). Telles sont, toujours en Provence, les poches du haut Var.
Les bauxites de karst sont souvent fixées dans leur gîte par un toit qui les protège contre l'érosion, et qui peut être de nature, d'âge et d'origine diverses ; ainsi remarque-t-on fréquemment, au toit des bauxites en couche, la présence de sédiments charbonneux, eux-mêmes ennoyés sous des dépôts pararécifaux. Le toit gêne l'exploitation des bauxites de karst : il oblige soit à extraire la bauxite en exploitation souterraine, soit à déblayer une puissance parfois importante de morts-terrains, lors d'exploitation en carrière.
Les paragenèses minérales les plus fréquentes des bauxites de karst sont : bœhmite-gibbsite, bœhmite, bœhmite-diaspore, diaspore. Les gîtes à gibbsite seule sont très rares.
Par métamorphisme, les bauxites de karst se transforment en roches à diaspore, corindon, magnétite, chloritoïde, etc. (« émeris » de Samos, de Naxos, en Grèce).
Bauxites latéritiques
Les bauxites latéritiques reposent sur des roches silico-alumineuses de nature variée, desquelles elles dérivent : syénites néphéliniques en Guinée (îles de Los), dans l'Arkansas ; basaltes ou dolérites, en Allemagne (Vogelsberg), en Irlande (Antrim), en Inde (trapps du Deccan), au Cameroun (Adamaoua) ; trachytes et andésites en Malaisie (Johore, Sarawak) ; schistes sédimentaires ou métamorphiques dans les Guyanes, en Guinée (Kindia), au Ghana ; grès arkosiques en Australie (Queensland), etc.
Pour l'essentiel, les bauxites latéritiques ont une répartition chronostratigraphique plus limitée que les bauxites de karst. Il semble que nombre d'entre elles soient fossiles et aient pris naissance au Crétacé, au Tertiaire et au Quaternaire. Il existe cependant des bauxites latéritiques plus anciennes, telles les bauxites russes de Bielgorod, carbonifères (G. Bardossy, 1981).
Les bauxites[...]
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Écrit par
- Michel ESTERLE : chef géologue à la Société métallurgique Le Nickel, Nouméa, Nouvelle-Calédonie
- Jean-Pierre LAJOINIE : géologue en chef, chef du service Formations superficielles-Quaternaire
Classification
Médias
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