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BAUXITES

Genèse des bauxites

Si le mode de formation des bauxites latéritiques est aujourd'hui pour l'essentiel bien connu, il n'en est pas de même de la genèse des bauxites karstiques, dont l'interprétation suscite encore bien des hypothèses et des controverses. Cela tient au fait qu'on a tenté de mettre en parallèle, ou au contraire d'opposer sans nuance, les deux modes de formation. Il est admis que la plupart des bauxites latéritiques se sont formées à l'endroit où on les trouve actuellement. Elles représentent un produit d'évolution pédogénétique particulier de roches silico-alumineuses, sous un climat chaud et humide. Sous ce climat, et pourvu que certaines conditions soient remplies – bon drainage, notamment – il se produit une hydrolyse intense des silicates de la roche mère. Les alcalins, les alcalino-terreux, la silice sont éliminés, tandis que l'aluminium, le fer, le titane se concentrent par accumulation relative. Les bauxites latéritiques ainsi formées peuvent bénéficier d'un enrichissement relatif supplémentaire en alumine par une élimination secondaire du fer. Elles peuvent, en outre, être enrichies de manière absolue par importation d'alumine des horizons supérieurs.

De nombreux auteurs ont tenté de transposer le mode de formation des bauxites latéritiques aux bauxites de karst. Ils ont supposé qu'elles étaient également autochtones. Les bauxites de karst se seraient développées sur place, à partir d'une argile, la terra rossa, libérée au cours de la décalcification des calcaires sur lesquelles elles reposent. C'est l'hypothèse de l'« autochtonie absolue » proposée par G. Dolfuss en 1904 et reprise par J. de Lapparent en 1930. Cependant, devant la difficulté d'admettre l'énorme volume de calcaires dont la dissolution est nécessaire pour engendrer une quantité suffisante d'argiles de décalcification, l'hypothèse d'une « autochtonie relative » de la terra rossa a été soutenue en 1935 par P. George puis reprise par J. G. de Weisse (1948), A. F. de Lapparent (1949), A. Bonte (1958)... Ces auteurs font encore appel à la décalcification, mais envisagent une accumulation dans les pièges karstiques après un faible transport.

Tout en respectant le principe d'une bauxitisation à l'emplacement des gîtes actuels, de nombreuses variantes à cette théorie portent sur la nature de la roche mère, la distance et les agents de transport : transport par le vent ou par l'eau de matériaux silico-alumineux issus du Massif central ou des Maures-Esterel ; transport sous forme de solutions vraies.

Ces hypothèses du transport d'altérites depuis les Maures et surtout le Massif central ont été progressivement abandonnées, ne serait-ce que pour des raisons de paléogéographie. Des transports plus modestes, voire négligeables, ont été envisagés : bauxitisation à l'emplacement même des gîtes actuels d'apports argileux littoraux ou de marnes crétacées ; sédimentation de caractère littoral d'une bauxite déjà élaborée au sein de profils latéritiques proches, démantelés. Déjà esquissée en 1881 par L. Dieulafait, cette hypothèse a été reprise par J. Nicolas en 1968.

Ces nombreuses hypothèses sur la genèse des bauxites de karst traduisent la multiplicité, la complexité et l'imbrication des faciès et des processus. La synthèse la plus récente pour la Provence (P. Laville, 1981), compatible avec le tableau brossé par P. J. Combes pour le Languedoc et l'Ariège, met l'accent sur l'évolution morphologique au Crétacé et sur les pulsations épirogéniques qui en sont le moteur. Cette évolution induit une succession de remaniements de sorte que chaque district porte une lignée d'altérites dont chaque gisement représente un stade d'évolution entre un pôle initial kaolinique, résiduel, concentré sur le karst, et un pôle[...]

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Écrit par

  • : chef géologue à la Société métallurgique Le Nickel, Nouméa, Nouvelle-Calédonie
  • : géologue en chef, chef du service Formations superficielles-Quaternaire

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Médias

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