BAVIÈRE (histoire)
L'État de Bavière
Le 7 novembre 1918, le roi Louis III est chassé par la révolution qui a éclaté à Munich. Les mois qui suivent sont troublés : gouvernement du socialiste indépendant Kurt Eisner, assassiné le 21 février 1919, auquel succède le social-démocrate Hoffmann ; « République des conseils », proclamée en avril par des communistes bavarois, bientôt débordés par des Russes ; reconquête de Munich par les troupes bavaroises, mais aussi wurtembergeoises et prussiennes, auxquelles a dû faire appel Hoffmann, réfugié à Bamberg (1er et 2 mai). Mais, dans le cadre de la république de Weimar, la Bavière – l'un de ses dix-sept Länder – a perdu beaucoup de son autonomie. Elle a conservé le Palatinat (occupé de 1918 à 1930 par les Français) et acquis Cobourg (1920), mais elle a dû renoncer à la plupart des Sonderrechte. Sous le régime de la Constitution du 12 août 1919, elle possède un Landtag (où dominent les catholiques) et un ministère (dirigé par des personnalités modérées : Kahr, Lerchenfeld, Knilling, Held). Mais le particularisme bavarois, s'il survit sous la forme d'un attachement réel à la personne du prince Ruprecht, fils du dernier roi, ne représente plus une force politique. Bien plus, c'est en Bavière que naît le mouvement qui achèvera l'unité allemande en créant un Reich unitaire et centralisé.
Les origines du national-socialisme sont en effet étroitement liées à l'histoire du Munich d'après guerre, depuis la fondation du Parti ouvrier allemand par Anton Drexler (5 janv. 1919) jusqu'à l'échec du putsch tenté, les 8 et 9 novembre 1923, par Adolf Hitler et le général Ludendorff. Le nazisme est, à l'origine, un phénomène essentiellement bavarois, et il ne l'oubliera jamais : c'est la Bavière qui abritera à la fois la « ville du mouvement » (Munich), la « ville des congrès » (Nuremberg) et la résidence préférée du Führer (Berchtesgaden).
Pourtant, dès l'avènement du IIIe Reich, la Bavière perd ce qui lui restait d'autonomie. Le général von Epp est nommé Reichskommissar le 9 mars 1933, Reichsstatthalter le 10 avril, avec pouvoir de nommer un nouveau gouvernement indépendant du Landtag : celui-ci, réuni de plus en plus rarement, est supprimé le 30 janvier 1934, avec ceux de tous les Länder qui perdent leurs droits souverains au profit du gouvernement du Reich.
En 1945, la Bavière est conquise par les troupes américaines : Nuremberg tombe le 20 avril, Munich le 29, cependant que la division Leclerc entre à Berchtesgaden le 4 mai. Lors de la délimitation des zones d'occupation, la Bavière est comprise dans la zone américaine, à l'exception du Palatinat et du port de Lindau, sur le lac de Constance, rattachés à la zone française. Les Américains reconstituent un gouvernement bavarois et font élire, le 30 juin 1946, une Assemblée constituante. Le texte voté par elle le 18 octobre, et approuvé par référendum, devient la Constitution du 2 décembre 1946. Elle partage le pouvoir entre un Landtag, un Sénat consultatif (trait original parmi les autres Constitutions allemandes) et un gouvernement « d'État ». La nouvelle Bavière participe, en 1948-1949, aux travaux du Conseil parlementaire de Bonn, où elle s'efforce de faire prévaloir les thèses fédéralistes. Le Landtag bavarois repousse (20 mai 1949) le projet de Constitution fédérale, mais s'y rallie néanmoins après son acceptation par la majorité des autres Länder. La Bavière est aujourd'hui l'un des seize Länder de l'Allemagne réunifiée. Mais le Palatinat, réuni au sud de la Rhénanie, forme, avec Mayence pour capitale, le Land de Rhénanie-Palatinat.
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Écrit par
- Michel EUDE : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias