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BÉATRICE dona (morte en 1706)

Âgée de vingt-deux ans environ en 1704, Chimpa Vinta, appelée dona Béatrice après son baptême, a joué un rôle important mais éphémère dans l'histoire du Kongo. Le pays était alors en proie à l'anarchie, parcouru par les négriers portugais, pillé et dépeuplé. La capitale, San Salvador, était abandonnée depuis vingt ans, et le roi du Kongo, Pedro IV, intronisé en 1696, refusait de venir y résider. Dona Béatrice, qui prétendait avoir eu des visions et se croyait possédée par saint Antoine, exhorta le roi à réintégrer sa capitale qu'elle présentait comme la ville où serait né le Christ, Nsundi étant celle où il aurait reçu le baptême. En revenant à San Salvador, Pedro IV devait prouver que la terre des Noirs était la véritable Terre sainte et que les Kongo, adeptes de cette nouvelle religion, connue sous le nom de mouvement antonien, étaient les véritables « élus de Dieu ». En moins de deux ans, l'ensemble de la population adhéra à cette religion nationale et chrétienne. Sous la pression des missionnaires blancs, le roi Pedro IV fit arrêter la jeune dona Béatrice que l'on découvrit en train d'allaiter son enfant, né, prétendait-elle, de l'intervention du Saint-Esprit. Elle fut brûlée vive, le 2 juillet 1706, le nom de Jésus à la bouche.

Cette religion n'est pas sans rappeler certains syncrétismes africains, particulièrement florissants chez les Kongo, notamment le kimbanguisme prêché à partir de 1921 par Simon Kimbangu (ou Kibangou) repris ensuite dans les mouvements de l'amicalisme d'André Matswa et du kalisme de Simon Mpadi.

— Alfred FIERRO

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale

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  • KONGO ROYAUME DU

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    • 4 727 mots
    ...du christianisme n'est pas absente, elle apparaît dans les mouvements syncrétiques. Le plus connu de ceux-ci est animé par une jeune aristocrate, doña Béatrice, au début du xviiie siècle. Elle en appelle à saint Antoine, le « second Dieu », afin de parvenir à l'établissement d'un christianisme « africanisé...