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BEATRIJS, œuvre anonyme

Adaptation néerlandaise d'un conte de la Vierge, la légende fort répandue au Moyen Âge de la sacristine — ou selon d'autres de la tourière. Des multiples versions qui s'en inspirèrent — latine, française, germanique, nordique ou arabe —, celle qui provient du centre des Pays-Bas apparaît la plus esthétique ; on en possède un seul manuscrit (env. 1250), conservé à la Bibliothèque royale de La Haye. Ouvrage anonyme, il comprend 1 038 vers en rimes plates. Cette version est très proche du texte latin de Cesarius von Heisterbach (deuxième quart du xiiie s.).

La nonne Béatrice est la tourière très dévouée de son couvent. Tentée par le démon, et peu accoutumée à faire face à des passions violentes, elle s'abandonne au jouvenceau qui la désire depuis l'enfance. Après sept ans de vie en commun d'où sont nés deux enfants, abandonnée par son époux, elle s'adonne pendant sept ans à la prostitution. Elle n'a cependant jamais cessé de prier la Vierge. Soudain prise de repentir, elle laisse sa « profession » et parcourt le pays avec ses enfants, livrée à la mendicité. Un jour qu'elle s'arrête non loin de son couvent, une voix lui intime l'ordre de s'y rendre : la Vierge l'avait remplacée durant quatorze ans. Béatrice obéit ; au couvent, personne n'a remarqué son absence.

Le poète a saisi le drame humain des données légendaires. À la différence des autres contes de la Vierge, le diable n'a pas cette fois de présence physique. Le rythme, le suspense sont soutenus ; le poète fait preuve d'autant de métier que de psychologie. La part de merveilleux est réduite et l'intérêt porte sur l'évolution intérieure de l'héroïne et sur la libéralité de la Vierge. R. Guiette a donné de ce texte une traduction française : Béatrice (Anvers, 1930).

— Norbert DE PAEPE

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Écrit par

  • : professeur ordinaire à l'Université catholique de Louvain (Belgique)

Classification

Autres références

  • NÉERLANDAISE ET FLAMANDE LITTÉRATURES

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    • 6 824 mots
    • 3 médias
    ...même avec une mystique ardente, comme chez la béguine brabançonne Hadewijch (1200 ?-1250 ?). Une légende exemplaire anonyme mais toujours accessible est Beatrijs, l'histoire d'une sacristine égarée, mais remplacée – et en dernier lieu sauvée – par la Sainte Vierge. Par la suite, la littérature spirituelle...