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BEFFROIS

Les beffrois municipaux

Dans l'architecture, on utilisa ces échafaudages en bois pour soutenir les cloches dans les tours de pierre. La souplesse du bois permettait d'amortir l'ébranlement provoqué par la sonnerie : la maçonnerie était ainsi préservée de toute fissure. Prenant la partie pour le tout, on arriva vite à donner le nom de beffroi à la tour contenant un beffroi et des cloches. Cependant, l'habitude s'établit de réserver le nom de beffroi aux tours municipales.

Augustin Thierry mit en évidence l'importance du mouvement communal qui s'étendit sur l'Europe occidentale du xe au xiiie siècle. Les « communes jurées » obtinrent des seigneurs des chartes de liberté à la suite de rébellions à main armée ou bien d'achats en deniers sonnants.

La commune qui avait obtenu une charte de son seigneur prenait officiellement rang dans la hiérarchie féodale. L'université des bourgeois exprimait sa qualité féodale par le sceau, le beffroi, les fourches patibulaires, ainsi que l'indique Robert Ier, comte de Boulogne, en rétablissant la commune dans cette ville.

Mais il est à remarquer que souvent les chartes parlent de cloches et non de beffrois. La cloche semble le mieux traduire le droit de réunion que les bourgeois avaient acquis. À l'origine, ils se servirent vraisemblablement de la tour d'une église pour installer leur cloche, la banclocque. Rapidement le clergé protesta contre cet usage abusif des clochers, et la commune dut installer sa banclocque dans une tour de l'enceinte de la ville ou dans un beffroi construit spécialement au milieu de la ville ; ces beffrois pouvaient être en bois.

Lorsque les communes s'enrichirent, elles voulurent construire une tour en pierre qui fût aussi belle que le donjon seigneurial. Motif de fierté municipale, elle servait aussi fort utilement à abriter les chartes. En effet, le 15 août 1280, le beffroi de Bruges, en bois, ayant brûlé avec toutes les archives communales, le comte Guy de Dampierre avait refusé d'octroyer de nouvelles chartes et gouverna sans tenir compte des droits anciens accordés aux bourgeois.

Le beffroi devint donc pour les bourgeois le symbole des libertés acquises et du rang féodal obtenu, qui se matérialisait aussi par la girouette tournant au-dessus du beffroi. Ce symbole était reconnu par tout le monde ; aussi, lors de rébellions, le seigneur qui voulait punir la commune décrétait toujours la démolition du beffroi. C'est ainsi que Saint Louis fit abattre le donjon de Boulogne en 1268. La punition pouvait quelquefois être adoucie : on ne détruisait alors que le couronnement de la tour, ou bien l'on se contentait de retirer le droit de cloche ou d'horloge. Ainsi Philippe VI désaffecta-t-il le beffroi de Laon en 1331. À Ypres, les cloches furent enlevées en 1328 sans que le beffroi soit démoli. Ces sanctions se poursuivirent assez longtemps, puisqu'en 1548 des commissaires royaux décident d'enlever la cloche et de détruire le beffroi de Bordeaux. Louis XIV décréta la démolition du beffroi de Draguignan en 1660.

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Média

Art de la guerre - crédits :  Bridgeman Images

Art de la guerre

Autres références

  • CHIME

    • Écrit par
    • 956 mots

    Du latin médiéval cymbala, « cloches », le chime (ainsi nommé pour distinguer ces instruments des carillons) est un jeu de cloches fixes accordées dans une série musicale, traditionnellement en séquence diatonique (gamme de sept notes) avec quelques accidents (dièses et bémols). Les cloches,...