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BEFFROIS

Structure

Par son symbolisme même, la tour du beffroi est nécessairement élevée : elle doit rivaliser avec le donjon du château et les clochers des églises ou des abbayes. Il en résulte pour les villes des silhouettes hérissées de tours et de clochers, que les graveurs de pourtraicts de villes soulignent tout particulièrement. Les plus hauts beffrois se dressent en Belgique et dépassent souvent cent mètres : Gand, Bruges, Bruxelles.

Dans les plus anciens beffrois, seuls des escaliers extérieurs permettaient d'atteindre les étages supérieurs, mais dès les xve et xvie siècles apparaissent des escaliers à vis, intérieurs, ou logés dans une tourelle annexe.

D'une manière générale, la tour reposait sur une cave au-dessus de laquelle se trouvait la prison communale, puis deux ou trois salles superposées, l'horloge et enfin le beffroi supportant les cloches. Dans le beffroi de Sancerre, construit au xvie siècle, la salle qui se trouvait au-dessus de la prison était une chapelle. À l'étage suivant, la salle servait pour les réunions du conseil de ville. Auprès de l'horloge était installée une loge pour le guetteur.

Plusieurs villes d'une certaine importance, Tournai et Calais par exemple, ne connurent pas, même à des époques récentes, d'autres salles de délibération que celles du beffroi. Dans des cas plus favorables, au contraire, les échevins faisaient construire un hôtel de ville englobant la chapelle, les salles de réception et de délibération, puis des théâtres, des musées. Dans ce cas, les salles du beffroi étaient utilisées par des services divers : corps de garde, arsenal municipal, rangement du matériel contre l'incendie.

Différentes solutions sont adoptées lors de la construction de la maison communale, selon que le beffroi en fait partie ou non. Il peut rester isolé, sans aucun lien avec l'hôtel de ville, ou bien, tout en restant isolé, il peut former avec la maison de ville un ensemble monumental, à Valenciennes par exemple.

Mais le beffroi a souvent été incorporé dans l'édifice de l'hôtel de ville. C'est le cas du magnifique beffroi de Bruxelles, de ceux de Saint-Quentin, de Noyon.

Pour les cités commerçantes, les halles étaient un autre pôle important de la vie municipale. C'est à cet édifice que l'on peut rattacher le beffroi, comme à Ypres. Ces deux solutions tendaient à reléguer au second plan le symbolisme du beffroi par la prééminence accordée aux réceptions ou aux affaires commerciales. En cherchant à éviter cet inconvénient, Jacques Gabriel a pu réaliser un édifice unique pour trois services bien distincts, lors de la reconstruction de Rennes après l'incendie de 1720. L'hôtel de ville et le présidial encadrent le beffroi, nettement détaché à l'extérieur et abritant la chapelle, commune aux deux établissements. Le beffroi est la partie la plus soigneusement décorée, mais son symbolisme est un peu affaibli puisque l'artiste y a installé la statue de Louis XV qui avait collaboré au relèvement de la ville.

L'économie qui avait poussé les bourgeois à s'unir en commune pour se libérer du joug seigneurial a connu son apogée vers le xive siècle, et les plus belles réalisations de beffrois sont apparues au xve siècle. Le développement du pouvoir central a rendu vaine l'indépendance des villes : les beffrois avaient perdu leur raison d'être. Le sentiment de fierté régionale et le goût qui se développa au xixe siècle pour tout ce qui touchait au Moyen Âge poussèrent les conseils municipaux à entretenir des édifices aptes à inspirer les peintres ou les poètes. Certaines villes allèrent même jusqu'à reconstruire des beffrois en béton armé, comme cela arriva à Calais, après les destructions de la guerre de 1914.

— Renée PLOUIN

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

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Média

Art de la guerre - crédits :  Bridgeman Images

Art de la guerre

Autres références

  • CHIME

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    • 956 mots

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